Certaines de mes meilleures ennemies sont féministes. Sur le féminisme sioniste
Paru le 8 mars dernier dans la revue marxiste Salvage, Some of my best ennemies are feminists : on Zionist feminismest une plongée dans le champ intellectuel et médiatique du féminisme américain — de droite comme de gauche. Cette analyse approfondie des publications du New York Times n’est pas sans nous rappeller les accusations portées par Noam Chomsky et Edward Herman à l’encontre du journal (Nicaragua, Viêt Nam) dans La Fabrique du consentement : l’asymétrie du « traitement médiatique » vise à légitimer une intervention militaire et à remplir les objectifs impérialistes.
Mais Sophie Lewis va plus loin : elle cherche le point où se nouent féminisme et sionisme, par l’intégration et la reprise féministes de l’énoncé civilisationnel dans un « nouvel axe du mal misogyne ». Elle s’intéresse à la rhétorique déployée par des militantes féministes, celle d’une légitimation collective du génocide en cours à Gaza par l’entremise de ce que les études féministes décoloniales nomment le fémonationalisme.
C’est ainsi que, loin de recourir à l’argument paresseux d’une simple instrumentalisation du féminisme, ce texte détermine les modalités de la participation consciente et affirmée d’un pan du féminisme occidental à l’argumentaire génocidaire. Et la nécessité d’y répondre par une conflictualité assumée : les féministes sionistes doivent être nos ennemies.
L’analyse de l’article « Scream without words » datant du 28 décembre 2023, et qui avait suscité à sa parution l’indignation des militant.es propalestinien.nes et d’une partie du lectorat, sert ici d’aperçu de toute une rhétorique pernicieuse à l’encontre d’un peuple colonisé.Face à des violences (sexuelles ou non) dont l’ampleur ne pourra jamais être connue, comme nous le rappelle le dernier rapport de l’ONU en date du 4 mars, quelles stratégies collectives pouvons-nous, féministes et queer, déployer afin d’en éviter l’usage à des fins de propagande ? Jouerons-nous encore la partition de l’innocence alors que les attaques islamophobes et racistes croissent au nom de notre "protection" ? Ce sont là des questions que soulève ce texte et qui appelle à la discussion collective.
Car les divers mécanismes de propagande à l’œuvre dans le paysage américain que nous présente Lewis, dans un style polémiste, ne sont pas sans nous rappeler les récents événements qui se sont produits en France : que ce soit l’attaque du 8 mars d’une partie du cortège féministe (décolonial)par un service d’ordre exclusivement masculin et armé, auréolant le collectif « Nous vivrons » (composé de membres de Renaissance, des Républicains ou encore du Printemps républicain) ; ou le faux procès fait à Judith Butler, mêlant censure institutionnelle et calomnie militante.
En affirmant la nécessité de poser des ennemi.es politiques, Sophie Lewis nous rappelle l’effectivité théorique et politique du mot d’ordre décolonial : « Sionistes, hors de nos luttes ! »
Trou Noir remercie Sophie Lewis pour sa confiance et sa solidarité.
Le 7 mars 2017, à la veille de la Journée Internationale des Femmes, le New York Times a publié une tribune d’Emiliy Shire, la rédactrice en chef du magazine Bustle, qui dénonce l’anti-sionisme d’un réseau féministe socialiste, la Grève Internationale des Femmes (International Women’s Strike). « Je ne vois pas pour quelles raisons je devrais renier mon sionisme au nom de mon féminisme », s’est plainte Shire à l’appel de la grève féministe du 8 mars, en citant sa plate-forme pro-palestinienne. Elle s’est montrée particulièrement affectée de la présence dans le comité de grève de Rasmea Odeh, une ancienne membre du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) mais aussi du gain de popularité de la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l’État d’Israël et ses violations des droits humains. C’est ainsi que Shira, frustrée, a affirmé que le soutien au BDS « n’a strictement rien à voir avec le féminisme » [1]. Dans la relative indignation qui s’en est suivie, la coprésidente de la Marche des Femmes, Linda Sarsour, a expliqué en retour en quoi le BDS relève bien d’une tactique féministe [2]. L’actrice de Bing Bang, Mayim Bialik a répliqué en se déclarant elle-même féministe sioniste et ajoutant qu’elle « ne pouvait pas tolérer pareille accusation d’être l’ennemie » » [3].
Sept ans plus tard, la Journée Internationale des Femmes est tombée précisément cinq mois après le début du génocide des Palestinien.nes dans la bande de Gaza, génocide financé par les U.S.A. Au cours de ce qui se révèle une éternité invivable — depuis les représailles génocidaires d’Israël contre l’assaut mené par le Hamas visant des bases militaires et des colonies civiles israéliennes du 7 octobre 2023 —, la question du féminisme sioniste a été mis sur le devant de la scène internationale comme jamais auparavant. Un monde qui exprime son indignation face aux atrocités commises par Israël se retrouve confronté à des médias à peine capables de représenter l’identité palestienne, ne serait-ce même qu’au niveau de la syntaxe. Des médias qui refusent de nommer l’auteur du cosmocide de Gaza, si ce n’est quand, étonnement, l’auteur peut être présenté sous les traits d’une bande de jeunes et séduisantes lesbiennes et/ou féministes en treillis de combat. Le tout en enfumant les lecteurs par des articles de fond, agrémentés d’un copieux étalage de photos — « Lionnes du désert : à l’intérieur de l’unité de chars entièrement féminine d’Israël » [4] (le Daily Mail) ; « Les femmes israéliennes combattent sur la ligne de front à Gaza, une première » [5] (le New York Times), et ainsi de suite. Alors cette année, je souhaiterais partager quelques remarques sur une idéologie en crise, afin d’honorer ses victimes et, espérons-le, d’en accélérer l’effondrement.
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D’un point de vue historique, le féminisme sioniste partage les principales caractéristiques des féminismes coloniaux du XIXème siècle. Il a émergé comme instrument pour forger une nouvelle modernité nationaliste — entrelacée avec l’utopisme bourgeois du travail — porteuse d’une ambition palingénétique de renaissance civilisationnelle. Celle-ci étant elle-même placée sous le joug d’un récit transgressif de sa propre circonscription raciale, et de la destinée de cette dernière à accomplir l’égalité de genre. « Il n’est pas possible », écrivait la féministe et militante sioniste polonaise Puah Rakovsky en 1918 dans son pamphlet Di yidishe froy, « que nous, Juif.ves, qui avons les premier.ères porté les principes démocratiques, devrions être à la traîne de tous les peuples civilisés et fermer aux femmes la voie de l’égalité des droits » [6] (la version de ce phénomène adaptée à l’impérialisme britannique s’est déroulée bien plus tôt, il avait également pour but de “rappeler” aux Britanniques une mythique harmonie “anglo-saxonne” désormais révolue, dans laquelle aurait régné une véritable égalité entre les sexes. Rappelons-nous comment Jane Eyre évoque, vers la fin du roman éponyme, le besoin spirituel du monde de voir émigrer des Anglaises indépendantes d’esprits afin de servir dans les colonies, en tant qu’enseignantes ou missionnaires. L’héroïne de Brontë incarne ici la figure dynamique et zélée de la « nouvelle femme anglaise type », qui s’emploie de toutes ses forces à assainir les divers désordres moraux causés par les hommes en Australie, au Canada et en Inde. La figure de « Miss Jane Bull » est un avatar patriotique, inventée dans les années 1840 par les féministes de Langham Place à Londres. Elle était destinée en grande partie à encourager et à organiser cette émigration au nom de la Couronne).
Qu’ils soient coloniaux (de peuplement ou d’exploitation), sionistes ou impériaux, les féminismes européens de l’élite du XIXe siècle ont attisé, chez des femmes rétives et brimées, l’appétit pour le vaste Lebensraum personnel qui les attendait à l’étranger si elles s’y transplantaient pour vivre parmi les indigènes. Sion comme lieu où les femmes peuvent déployer leurs ailes : au XXIe siècle, on peut facilement entendre les échos de cette idée historique dans les écrits de hasbaristes comme Amotz Asa-El, boursier de l’université de Columbia. Asa-El ravive régulièrement les saveurs vintage du proféminisme ethnonationaliste lorsqu’il écrit — à tort, de surcroît — que « le mouvement sioniste a accordé le droit de vote aux femmes dès 1897, des décennies avant de nombreux pays occidentaux » [7]. (Selon le musée des Amis de Sion, quelques femmes ont effectivement participé au premier congrès sioniste, à Bâle, en Suisse, en 1897, mais elles n’ont pas eu le droit de vote [8]. L’année suivante, avant le deuxième congrès, Theodor Herzl a annoncé que les femmes auraient le droit de vote au sein des institutions du Yishuv — un témoignage de sa vision modernisatrice de la construction de l’État [9]. Mais cette décision fut ignorée jusqu’en 1917, lorsque des suffragistes de la Palestine ottomane, comme Nehamah Pukhachewsky de Rishon LeTzion, commencèrent à rappeler à leurs compatriotes colons cette émancipation antérieure : « Nous ne pouvons pas vivre plus longtemps sans droits pleinement égaux. Nous qui construisons la colonie avec les hommes... Donnez-nous ce qui nous appartient » [10]. Les faits concrets de la condition souvent difficile des femmes dans ce qui devint bientôt la Palestine mandataire puis, en 1948, Israël — où, à ce jour, les ultra-orthodoxes s’opposent à l’égalité du suffrage — ont rarement paru atténuer la perception qu’ont les féministes sionistes d’un avant-poste exceptionnellement supérieur de femmes juives autonomes au milieu d’une mer d’arriération patriarcale arabe et/ou musulmane. Dans un entretien avec le magazine Lilith intitulé « Une sioniste malgré elle », la féministe nonagénaire Judith Shotten raconte qu’elle a quitté le Canada pour Israël en 1949 et qu’elle a fait l’expérience d’une "incroyable égalité" entre les sexes dans les kibboutzim. Aux yeux de la jeune Judith, en matière de féminisme, Israël était à la pointe du progrès : une utopie coloniale en matière de genre telle que « tout mon anti-nationalisme et mon universalisme sont partis en fumée » [11].
Jamais les féministes sionistes que je connais n’admettent l’ethnonationalisme à la source de leur idéologie d’émancipation des sexes avec une clarté aussi rafraîchissante. Toutefois, on entend depuis une dizaine d’années, cette ritournelle dans les journaux comme le Jerusalem Post selon laquelle « féminisme et sionisme sont les deux faces d’une même pièce ». Même les militantes de J Street, animées de « justice sociale », ont tenté de nous convaincre qu’il est parfaitement possible d’être « sioniste et féministe » si l’on élargissait « notre compréhension du sionisme pour y inclure le soutien aux droits des Israélien.es et des Palestinien.es » [12], un « si » plutôt lourd de conséquences. Cependant, en 2017 À la Israel Forever Foundation, une blogueuse, Forest Rain Marcia, n’a pas fait de telles concessions à Linda Sarsour. exposant que le féminisme et le sionisme sont tous deux fondamentalement « sujets de liberté » (et ce, parce que « les hommes et les femmes sionistes sont venu.es en Israël, ont labouré des champs et ont construit des maisons, main dans la main. Ils ont combattu leurs ennemis, côte à côte. Ensemble, ils ont construit un pays, ensemble ils ont donné naissance à la Start—Up Nation » [13]). Dans une chronique de 2020, un rédacteur de Y-Net est allé jusqu’à dire qu’ « on ne peut pas être féministe et ne pas être sioniste », l’argument reposant ici sur une analogie entre une définition plus que tendancieuse de l’objectif du sionisme — « que les Juifs deviennent maîtres de leur propre destin » — et de celui du féminisme : « que les femmes aussi puissent être maîtresses de leur destin » [14].
Cet idiome de la maîtrise auto-souveraine évoque peut-être inconsciemment une vision du nationalisme féminin : une position qui a, d’ailleurs, été reprise avec ferveur par les lesbiennes séparatistes juives américaines pendant un certain temps à la fin des années 1970 et au début des années 1980, et défendue par Andrea Dworkin, par exemple dans son livre Scapegoat : The Jews, Israel, and Women’s Liberation — qui appelle à une « patrie » des femmes selon les principes israéliens — et ce, même au XXIe siècle. Peu avant l’invasion du Liban par Israël en 1982, Letty Pogrebin, rédactrice en chef du magazine Ms., a déclaré : « Le sionisme est simplement un plan de discrimination positive à l’échelle nationale » [15]. L’invasion a tué environ 20 000 civils et en a blessé cinq fois plus, ce qui a incité de nombreuses féministes de la diaspora juive à militer contre les prétendues guerres de libération nationale et de genre menées en leur nom. Quelques semaines après le début de l’ « holocauste » — pour citer Ronald Reagan — de 1982, le magazine féministe Spare Rib a interviewé trois militantes engagée dans le mouvement de libération des femmes : Aliza Khan, Israélienne, une activiste palestinienne et une activiste libanaise identifiées seulement par leurs prénoms, Randa et Nidal. Toutes trois ont affirmé sans équivoque l’incompatibilité du féminisme et du sionisme. « Ce que fait Israël aujourd’hui n’est pas nouveau, c’est là un aspect extrême de sa nature », a expliqué Khan : « Tuer des gens de cette manière barbare, des enfants, des femmes, avec des gaz empoisonnés et des bombes à fragmentation ». Khan confiait alors que même sa propre mère, qui avait émigré en Israël depuis l’Allemagne, était en train de prendre conscience de la vérité du sionisme. Pour les féministes juives de toutes les générations, il était de plus en plus évident que « les femmes doivent s’y opposer parce que nos sœurs sont assassinées ». Et de fait, « si une femme se dit féministe, elle devrait se dire consciemment antisioniste ». C’est là un principe évident en ce qui concerne la Grève des Femmes d’aujourd’hui.
Au moment où nous écrivons ces lignes, le camp sioféministe [Ziofeminist] est déchiré par les défections et le chaos, tout comme l’est le « sionisme libéral » dans son ensemble (ou du moins ce qu’il en reste). Il semblait tout à fait logique que la « mère du féminisme israélien », Alice Shalvi — farouche défenseuse de la participation des femmes dans l’armée d’occupation et à qui l’on doit la fondation du réseau bipartisan des femmes israéliennes en 1984 — décède quelques jours avant que « l’armée la plus morale du monde » ne commence à faire pleuvoir du phosphore blanc sur la plus grande prison à ciel ouvert du monde au nom, entre autres, des survivantes de viols et des droits des femmes. Certaines des féministes qui publiquement pleurent Shalvi ont poursuivi cette recherche de nouveaux extrêmes dans le culte fasciste des icônes féminines (par exemple, « notre » char d’assaut composé exclusivement d’un escadron féminin de ‘Zionesses’™) : d’autres encore ont renforcé leur engagement envers la vieille philosophie et pratique du shoot-and-cry [16], par exemple en se réjouissant qu’Alice soit décédée avant que « le choc des attaques du 7 octobre du Hamas n’ait pu la tuer » [17]. Toutes doivent se résigner à être accusées, à chaque minute, d’être l’ennemie. Et pas seulement la mienne, mais l’ennemie de tous les féminismes abolitionnistes — et il ne pourrait en être autrement.
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Le 5 décembre, Benjamin Netanyahu a commencé à fustiger les « organisations de défense des droits des femmes » du monde entier en raison de leur silence concernant le présumé « viol des femmes israéliennes » deux mois auparavant. [18] N’avions-nous pas entendu parler des "mutilations" innommables que les hordes musulmanes, échappées de leur prison, avaient infligées aux filles et aux mères dans les kibboutzim autour de Gaza ? Des seins sectionnés au cutter [19]. C’est à peu près à cette époque que j’ai commencé à voir une recrudescence de contenus sionistes-féministes bien lisses et instagrammables sur mes réseaux sociaux : des bannières graphiques enjoignant les féministes à « croire les femmes israéliennes », et des hashtags alléguant l’antisémitisme, en déplorant que « c’est #metoo, sauf si tu es juive. » [20] En réalité, l’Opération Al-Aqsa Flood venait « bafouer les fondements mêmes du féminisme" [21]. Le professeur Asa-El, boursier de Columbia déjà mentionné plus haut, écrit dans ce bastion d’érudits fanatiques de Simone de Beauvoir qu’est le Jerusalem post, que les évènements du 7 octobre ont « donné un second souffle à l’héritage de Beauvoir ». La thèse d’Asa-El consiste à affirmer que « les femmes israéliennes ont confirmé les thèses de Beauvoir » en étant, eh bien, des femmes, tout en mitraillant les brigades Al-Qassam en tant que membres des forces de défense israéliennes. Décrivant avec enthousiasme « les guerrières d’Israël » — « nos femmes guerrières » — et plus particulièrement une commandante d’escadron de chars et deux autres combattantes arborant l’uniforme avec la fierté du patriotisme, appelées familièrement « Inbal, Karni, Tal », il affirme en ce jour fatidique que ces personnes étaient « tout » ce que « de Beauvoir affirmait qu’une femme pouvait être, si on lui en donnait la chance : sûres d’elles, ingénieuses, cool et courageuses ». Dans cette perspective, il ne fait bien sûr aucun doute que l’existentialiste anticolonialiste aurait approuvé le génocide des Palestiniens en tant que guerre de justice sexuelle.
Dans cette atmosphère anti-intellectuelle, grossièrement intellectualisée, de soif de sang chauviniste, nous avons eu droit à des variantes encore plus crues de ce bobard habituel de l’occident au sujet de “la seule démocratie du Moyen Orient”. Selon l’ancienne rédactrice en chef du Times britannique, Sarah Vine, « un nouvel axe du mal misogyne se déploie sur le monde » [22]. Et de toute évidence, celles et ceux qui se trouvent du côté de ce que Bibi appelle « les enfants de la lumière » devraient être fier.ère.s de leur islamophobie, car « la libération des femmes fait partie de l’idéal sioniste depuis sa création » [23]. La féministe américaine anti-trans Abigail Shrier affirme que toute personne de gauche qui s’oppose au « droit d’exister » d’Israël en tant qu’État suprématiste juif est un barbare intégriste animé par la haine d’une « civilisation pacifique », de la même manière que les « éco-guerriers » qui « vandalisent l’arche de Wellington dans le centre de Londres » méprisent de façon évidente « la civilisation qui abrite de tels trésors » [24]. Gil Troy, qui se décrit à la fois comme un « historien américain et comme un penseur sioniste » de l’université McGill, a tonné dans le magazine Tablet que le Hamas, ce « culte du viol », avait organisé un « crime de masse contre les femmes » et que, dès lors, « toutes les personnes civilisées devraient condamner le plaisir qu’ont tant de Palestinien.nes et de progressistes à partager ces vidéos et à acclamer ces crimes » [25]. Il y a 5 mois, le baromètre rhétorique a été réglé sur « guerre contre le terrorisme » et il y reste bloqué. Il est très probable que de nombreux commentateurs croient encore, même à ce jour, qu’ils répandent la vérité lorsqu’ils mugissent, dans des termes vagues mais imagés, sur lesincalculables et les innombrables viols perpétrés le 7 octobre.
La police israélienne avait promis que des « dizaines de milliers » de témoignages des violences sexuelles commises par le Hamas ce jour-là allaient être rendus disponibles. Elle ne le fit jamais. Mais cela n’a pas empêché que de nombreuses féministes américaines soutiennent l’effort de propagande justifiant le génocide. Le magazine Ms. a publié une liste de lecture sur « le viol comme arme de guerre », inspirée « de récits de première main sur ce qu’il s’est passé en Israël le 7 octobre » [26] (la liste des références s’ouvre par des citations non attribuées, apparemment de survivantes, relayées anonymement par la police nationale israélienne, mais aussi des récits de brutalité, pourtant eux-mêmes démentis par des réservistes de l’armée israélienne. Cette liste n’a pas été amendée ni même actualisée depuis). Sheryl Sandberg, ancienne directrice des opérations de Meta™ et autrice célèbre de Lean In, a exprimé publiquement sa colère à l’égard des féministes « qui restent silencieuses » vis-à-vis des « terroristes » du Hamas : elle assure que ces derniers ont perpétré, « des viols et des violences sexuelles inimaginables, prémédités et coordonnés quotidiennement en plusieurs lieux » [27]. Même la chroniqueuse de The Nation et célèbre féministe de gauche Katha Pollitta a déclaré qu’« il faut être un conspirationniste ou un négationniste du viol » pour qualifier de hasbara les allégations d’Israël sur les viols systématiques commis par le Hamas [28]. Ou encore Helen Lewis, dans The Atlantic, nous confiantqu’elle peut tolérer, dans ce cas précis, que des suffragettes posent des bombes au nom d’une noble cause, mais nullement les méthodes d’« incursion de Gaza en Israël ».
Face à l’absence de preuves, Jill Filipovic a fait montre de créativité. Il nous assure, dans un billet d’opinion du NYT, qu’il est normal en temps de guerre qu’il n’y ait pas de preuves corroborées ou vérifiées de façons indépendante, tout en affirmant, paradoxalement, qu’il y en a « bien, bien plus » [29] (de preuves). Dans le passé, lorsqu’elle écrivait sur les viols en période de guerre, Filipovic avait déclaré : « J’ai [...] tenu ma langue et ma plume, en attendant que des reportages substantiels et des preuves plus claires émergent » (après tout, « les accusations de viol sont extrêmement délicates, et les allégations non corroborées qui s’avèrent exagérées ou fausses peuvent ébranler la confiance du public vis-à-vis des journalistes et, plus généralement, sa confiance dans la véracité des accusations de violence sexuelle »). Pourtant cette fois-ci, elle ne tiendrait pas sa langue. De concert avec tant d’autres sténographes d’État de ce moment, qui se prétendent « journalistes » tout en répétant les propos de Bibi, Filopovic a affirmé, au contraire, qu’il n’y a pas de vraies féministes parmi celles qui tiennent leur langue.
Un autre billet de même facture — adressé aux « féministes du monde entier », dans Slate — affirmait sans vergogne que « la solidarité envers les victimes d’agressions sexuelles devrait l’emporter sur toutes les autres politiques ». En d’autres termes, le viol est comparable à un génocide. « De toutes les horreurs qui émergent » de la guerre génocidaire contre Gaza — selon Dahlia Lithwick, Mimi Rocah, Tamara Sepper, Jennifer Taub, Joyce White Vance et Julie Zebrak, à la fin du mois de novembre, alors que la mort de 15 000 Palestinien.ne.s avait déjà été confirmée — « parmi les plus horribles sont les meurtres barbares, les viols, les agressions sexuelles et les enlèvements de femmes et de jeunes filles en Israël lors de l’attaque du 7 octobre par le Hamas » [30].
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Le 28 février, The Intercept a publié une investigation intitulée « Between the Hammer and the Anvil » (Entre le marteau et l’enclume) [31], qui analyse en détails ce qui ne constitue qu’une unique mais conséquente goutte d’eau dans le flux journalistique constant du New York Times qui a, sans aucun doute, contribué substantiellement à la destruction inconsidérée de Gaza par Israël (et ce, en la rendant légitime). Le travail de démystification est minutieux et se révèle d’une lecture dévastatrice. Les trois coauteurs s’emploient essentiellement à démonter l’élaboration artificielle d’un récit fémonationaliste autour de la brutalité sexuelle des Palestiniens. Jeremy Scahill, Ryan Grim et Daniel Boguslaw — tous journalistes à Intercept — démontrent ce que l’on ne peut que qualifier d’ingérence éhontée : la mise en circulation de dérivatifs destinés aux féministes occidentales, comme moi, en plein génocide, dans le but de nous rendre solidaires des colonisateur.rice.s, et non pas des colonisé.e.s. Ce que je décris là n’est autre que le « fémonationalisme » [32], un concept qui nous rappelle la guerre contre la terreur (War on Terror) et dont beaucoup d’entre nous espéraient qu’il avait fait son temps.
Le pari fémonationaliste est une mécanique éprouvée par laquelle les féministes occidentales sont moralement intimidées jusqu’à rejoindre la cause impériale. En d’autre termes, on leurs dit « nous devons nous unir dans la lutte contre la barbarie sexuelle » par le biais d’une référence, plus qu’appuyée, au patriarcat oriental. Le féminonationalisme définit peu ou prou cet affect « civilisationnel » entretenu chez les citoyen.ne.s du noyau impérial lors des campagnes militaires de punition collective qui nécessitent une déshumanisation islamophobe des « barbares » en question ; des campagnes qui profitent activement à semer le doute et l’hésitation chez les allié.es des colonisé.es. L’article « Screams Without Words », abondamment accompagné de photos et publié dans le NYT le 28 décembre 2023 — par Jeffrey Gettleman, Anat Schwartz et Adam Sella — était un véritable chef-d’œuvre du genre.
« Screams Without Words » est un récit sensationnaliste de viols et de souffrances exclusivement des femmes israéliennes aux mains de Gazaouis déchaînés : il a été publié à un moment crucial du génocide. Sous-titré « How Hamas Weaponized Sexual Violence on Oct. 7 » (« Comment le Hamas a utilisé la violence sexuelle comme arme le 7 octobre »), il se fondait en grande partie sur des interprétations non expertes et ouvertement « imaginatives » des scènes de crimes par ZAKA, une organisation privée de sauvetage ultra-orthodoxe qui avait déjà été accusée de diffuser de nombreuses fausses histoires et de manipuler des preuves de manière malhonnête [33]. Elle s’est appuyée sur les récits alarmants et incohérents de deux soldats, spectateurs du festival de musique, qui ont observé la scène depuis leur cachette dans des buissons : à savoir, le vétéran des forces spéciales Raz Cohen et son camarade Shoam Gueta (qui publie maintenant des TikToks de lui-même en uniforme en train de fouiller les décombres des habitations gazaouies) [34]. Il s’agit des « cris sans mots » de la seule femme non identifiée que Cohen a vue — ou peut-être seulement entendue ? — se faire violer par cinq « civils » de Gaza, qui est devenu le titre de l’article du Times sur le « Hamas » (une contradiction en soi, s’il s’agissait bien de civils, comme le relève The Intercept).
En outre, « Screams Without Words » repose sur le témoignage de Shari Mendes, une architecte américaine qui sert en tant que réserviste dans une unité rabbinique des forces de défense israéliennes. En octobre, Mendes a révélé au Daily Mail qu’ « un bébé avait été arraché du ventre d’une femme et décapité, de même que la mère » [35]. Toutefois, la liste officielle israélienne des victimes ne mentionne aucune femme enceinte éventrée. En outre, Mendes ne possède aucune qualification médico-légale ou médicale. Pourtant au lendemain du 7 octobre, elle est apparue partout, des Nations unies aux principales plateformes médiatiques pour témoigner des cadavres israéliens « violés » qu’elle avait préparés pour leur mise en terre dans une morgue. Au moment où la journaliste du New York Times, Anat Schwartz, a interviewé Mendes, l’histoire du fœtus décapité avait fait le tour du monde et avait été démentie de manière concluante. Pourtant, Mendes, ainsi que d’autres sources pourtant réputées pour leur manque de crédibilité, étaient toujours mentionnées dans le reportage sur l’utilisation « systématique » de la violence sexuelle par le Hamas. Lorsqu’il s’est agi d’élaborer ce récit, le Times était manifestement prêt à croire des personnes « dont les déclarations antérieures ne sont pas fiables et qui n’ont pas de références médico-légales » [36].
Ce que Boguslaw, Grim et Scahill démontrent — et d’une manière particulièrement cruciale, compte tenu du contexte de « riposte » génocidaire ayant entraîné la mort de 35 000 personnes — c’est que « Screams Without Words » se décompose complètement après un examen minutieux. Les proches de Gal Abdush, « la femme à la robe noire » au cœur de l’histoire du viol, ont fermement nié qu’elle ait été violée. ("Les médias l’ont inventé", a déclaré l’un d’entre eux [37] « Cela n’a aucun sens », a déclaré un autre [38]). Le plus accablant, c’est que la reporter vidéo qui a filmé le corps d’Abdush affirme avoir subi des pressions pour y avoir accès : les journalistes du New York Times « m’ont appelée encore et encore et m’ont expliqué à quel point c’était important pour la hasbara israélienne » [39] Il ne faut donc pas s’étonner qu’une ancienne rédactrice en chef de la « presse de référence » américaine ait déclaré qu’elle espérait qu’une enquête approfondie soit menée [40]. Des centaines de lecteurs ont envoyé des lettres de résiliation, pointant la responsabilité éditoriale des rédacteurs en chef quant à « Screams without Words » (Suzanne Spector, Philip Pan, Joseph Kahn). Les raisons de leur désabonnement suivaient les lignes de modèles proposés par le groupe Writers Against the War on Gaza (Écrivains contre la guerre à Gaza). Un de ces modèle propose : « Je suis profondément déconcerté.e par la décision du Times d’engager deux novices pour traiter du sujet extrêmement sensible qu’est la violence sexuelle, d’autant plus que l’accusation de violence sexuelle est devenue dans ce contexte, un prétexte pour justifier la punition collective de Gaza. »
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Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas moins mais davantage d’inimitié assumée et déclarée entre féministes, dans un contexte où la destruction de la vie des Palestinien.ne.s est systématiquement ‘women-washed’ dans notre culture. Les exemples ne manquent pas : le rôle des ennemies féministes sur cette « question » — un « conflit » qu’il vaudrait mieux décrire comme un nœud central du système capitaliste impérial mondial — est vieux d’au moins cinquante ans. C’est en juin 1975 — l’année que les Nations Unies ont baptisée « année internationale des femmes » — qu’une conférence mondiale de féministes, tenue à Mexico, a déclaré que « l’égalité des femmes » reposait sur « l’élimination du colonialisme et du néocolonialisme, de l’occupation étrangère, du sionisme, de l’apartheid et de la discrimination raciale sous toutes ses formes » [41]. Cette déclaration puissante et redoutable, a bien sûr été vivement contestée par les représentantes présentes de la WIZO (Organisation sioniste internationale des femmes) ainsi que par Betty Friedan, qui, à son retour aux États-Unis, s’est jointe aux manifestations contre le mot d’ordre « Le sionisme est un racisme ». Elle a ainsi contribué à l’immense effort de lobbying déjà mis en place pour contrer le futur succès de cette déclaration.
Pourtant, la motion a été adoptée par soixante-douze voix contre trente-cinq, en tant que résolution sur « l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale » lors de l’Assemblée générale des Nations unies en novembre 1975 [42]. Les pays qui ont parrainé et voté en faveur de la résolution 3379 de l’Assemblée générale des Nations unies étaient, comme on pouvait s’y attendre, en grande majorité des nations anciennement colonisées. Finalement, en 1991, le document a été abrogé à l’ONU, et la résolution opposée, elle-même antisémite, selon laquelle « l’antisionisme est un antisémitisme » a lentement commencé à acquérir une force juridique au sein d’un grand nombre d’institutions nationales et supranationales. Les féministes sionistes n’ont jamais oublié, ni pardonné, ce moment où, il y a quarante-neuf ans, soixante-douze représentant.es nationaux.les aux Nations unies ont officialisé une décision prise, en grande partie, par des milliers de féministes anti-impérialistes et communistes au Mexique pendant l’été de l’Année internationale des femmes : que le sionisme n’a pas sa place dans le mouvement des peuples pour la liberté de genre et la justice sexuelle.
Nous ne devons pas les laisser nous priver de la mémoire de cette victoire éphémère. Le mythe islamophobe du « culte du viol » musulman ne nous trompe pas, pas plus que celui du « mythe du violeur noir » des anciennes colonies. Comme nous l’enseigne le collectif féministe palestinien Tal’at : « Notre terre natale ne sera pas libre tant que les femmes ne le seront pas ». Bien qu’il y ait des féministes sur cette terre qui se sont juré d’être les ennemies d’une Palestine libre et peuplée de personnes de tous les genres et de toutes les religions, ce sont aussi des féministes qui s’étaient rassemblées pour la première fois pour affirmer cette vérité : toute trahison envers le sionisme est un acte de loyauté envers l’humanité.
Sophie Lewis, Philadelphie, 8 mars 2024
Traduction : Quentin Dubois et Sophiane Mechitoua
[1] Emily Shire, ‘Does Feminism Have Room for Zionists ?’ New York Times, 7 March 2017.
[2] Collier Meyerson, ‘Can You Be a Zionist Feminist ? Linda Sarsour Says No’, The Nation, 13 March 2017.
[3] Gil Troy, ‘Mayim Bialik : The making of a heroic feminist Zionist’, Jerusalem Post, 29 March 2017.
[4] Nick Pisa, ‘Lionesses of the Desert : Inside Israel’s all-female tank unit taking on Hamas…’, Daily Mail, 1 December 2023.
[5] ‘Israeli Women Fight on Front Line in Gaza, a First’, New York Times, 19 January 2024. See : Ari Paul, ‘NYT Engages in Front-Page IDF “Womenwashing”’, FAIR, 25 January 2024.
[6] Quoted in : Puah Rakovsky, My Life as a Radical Jewish Woman : Memoirs of a Zionist Feminist in Poland, transl. Barbara Harshav and Paula Hyman, Bloomington : Indiana University Press, 2002, p.14.
[7] Amotz Asa-El, ‘The anti-Zionist sex’, Jerusalem Post, 1 December 2023.
[8] FOZ Museum, ‘The First Zionist Congress’, 8 March 2015.
[9] Jewish Women’s Archive, ‘Suffrage in Palestine’, 23 June 2021.
[10] Quoted in : Margalit Shilo, Girls of Liberty : The Struggle for Suffrage in Mandatory Palestine, trans. Haim Watzman, Waltham : Brandeis University Press, 2016, p.14.
[11] Judith Shotten and Barbara Gingold, ‘A Zionist In Spite of Herself’, Lilith, 34(4) : 11-15, 2009, p.13.
[12] Liat Deener-Chodirker, ‘Can You Be a Zionist-Feminist ?’ Moment 42(3) : 12, 2017.
[13] Forest Rain Marcia, ‘Unapologetic Zionist Feminist’, Israel Forever Foundation, 20 March 2017.
[14] ‘You can’t be a feminist and not be a Zionist’, Jerusalem Post, 23 January 2020.
[15] Letty Cottin Pogrebin, ‘Anti-Semitism in the Women’s Movement’, Ms., June 1982, p.65.
[16] Ben White, ‘Shoot and cry : Liberal Zionism’s dilemma’, Electronic Intifada, 19 September 2007.
[17] Letty Cottin Pogrebin, ‘Rest in Power : Alice Shalvi, the Mother of Israeli Feminism’, Ms., 18 January 2024.
[18] ‘Netanyahu says human rights groups are turning a blind eye to alleged rapes by Hamas’, Sky News, 6 December 2023.
[19] Anna Shecter, ‘Their bodies tell their stories. They’re not alive to speak for themselves’, NBC, 5 December 2023.
[20] Joan Smith, ‘Why are people still denying Hamas’s rapes ?’, UnHerd, 7 December 2023.
[21] Amotz Asa-El, ‘The anti-Zionist sex’, Jerusalem Post, 1 December 2023.
[22] Sarah Vine, ‘A new axis of misogynist evil is sweeping the world’, Daily Mail, 16 January 2024.
[23] Amotz Asa-El, ‘The anti-Zionist sex’, Jerusalem Post, 1 December 2023.
[24] Abigail Shrier, ‘This is not a drill’, Commentary, 15 December 2023.
[25] Gil Troy, ‘Feminists Are Consenting to Hamas’ Rape Culture’, Tablet, 29 October 2023.
[26] ‘Rape as a weapon of war : a Ms. reading list’, 6 December 2023.
[27] Charlotte Ivers, ‘Sheryl Sandberg on Hamas rapists and those who say nothing’, Times, 28 January 2024.
[28] Katha Pollitt, ‘Why Have Feminists Been So Slow to Condemn the Hamas Rapes ?’ Nation, 15 December 2023.
[29] Jill Filipovic, ‘Denying the Gender-Based Violence of Oct. 7 Helps No One’, New York Times, 13 December 2023.
[30] Dahlia Lithwick, Mimi Rocah, Tamara Sepper, Jennifer Taub, Joyce White Vance, and Julie Zebrak, ‘The World’s Feminists Need to Show Up for Israeli Victims’, Slate, 30 November 2023.
[31] Jeremy Scahill, Ryan Grim, and Daniel Boguslaw, ‘Between the Hammer and the Anvil’, Intercept, 28 February 2024.
[32] Sara Farris, In the Name of Women’s Rights : The Rise of Femonationalism, Durham : Duke University Press, 2017.
[33] ZAKA is not a trustworthy source for allegations of sexual violence on October 7’, Mondoweiss, 30 December 2023.
[34] Samer Kalaf, ‘The New York Times Ignores Intense Scrutiny Of Its Oct. 7 Report’, Defector, 1 March 2024.
[35] Nick Fagge, ‘Israeli morgue worker says horrors inflicted on Hamas’s victims are “worse than the Holocaust” including decapitated pregnant woman and her beheaded unborn child’, 20 October 2023.
[36] Jeremy Scahill, Ryan Grim, and Daniel Boguslaw, ‘Between the Hammer and the Anvil’, Intercept, 28 February 2024.
[38] ‘Family of key case in New York Times October 7 sexual violence report renounces story, says reporters manipulated them’, Mondoweiss, 3 January 2024.
[41] See this hostile report from the representative of WIZO, the Women’s International Zionist Organization, at the conference : Evelyn Sommer, ‘Fighting Delegitimization : The United Nation’s ‘Zionism Is Racism’ Resolution, a Case Study’, World Jewish Congress, 85th Anniversary Forum, 2021.
[42] United Nations, 10 November 1975, Resolution 3379 (XXX), ‘Elimination of all forms of racial discrimination : Zionism as racism – resolution adopted by the General Assembly.’
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