Ce 25 mai 2021, les journaux relayaient abondamment la victoire du conflit emblématique des femmes de chambre de l’Hôtel Ibis Batignolle de Paris. 22 mois de lutte acharnés auront été nécessaires pour faire plier le sous-traitant STN du groupe Accor, gérant de cet hôtel. Des revalorisations de salaire jusqu’à l’obtention d’une pause de 30 minutes, c’est une victoire importante dans un secteur habituellement
fermé au dialogue social. À l’occasion de la parution du livre Feu ! Abécédaire des féminismes présents, Tiziri Kandi du syndicat CGT HPE revient dans un texte (Une grève à soi) sur ce conflit et les conditions de travail des femmes de chambre. Nous lui avons posé quelques questions afin de mieux comprendre la réalité de ce travail et de ces mobilisations.
Trou Noir : Est-ce que tu pourrais nous expliquer ce qu’est la sous-traitance, et pourquoi les chaines hôtelières y ont massivement recourt ?
Tiziri Kandi : La sous-traitance, c’est la mise à disposition d’une salariée dans le but de réaliser une prestation. Concrètement, cela veut dire qu’un établissement quelconque décide d’externaliser une partie de son activité. Dans le cas de l’hôtellerie, c’est particulier parce que ce qui est sous-traité, c’est le cœur d’activité. Le service des étages, « d’hébergement » comme on dit, est sous-traité dans un objectif d’économie à court, à moyen et à long terme. À court terme, ça concerne la non-application aux salariées sous-traitées des accords auxquels ils pourraient prétendre si elles étaient directement embauchées par les hôtels. Par exemple, s’il y a un 13e mois dans l’hôtel, elles n’en bénéficieront pas. De même, s’il y a une prime d’intéressement, elles ne l’auront pas, car ce sont des salariées qui ne sont pas directement embauchées par l’entreprise. À moyen et à long terme, ça va être des économies sur la santé au travail. Par exemple, pour la question du remplacement des employées, celui-ci ne posera aucun problème à l’employeur puisque les accidents de travail ne sont pas à la charge du donneur d’ordre. Alors que normalement la médecine du travail peut recommander le maintien des employées sur un autre poste, dans le cas de la sous-traitance c’est impossible. Si tu es femme de chambre et que ton dos craque, ce qui arrive au bout de 15 ans de travail, ce métier obligeant à porter beaucoup de choses, et bien normalement la médecine du travail peut dire que la personne est apte à travailler, sauf qu’elle doit changer de poste, devenir lingère ou bien faire la plonge ou même seulement que la personne puisse s’assoir ou bénéficier d’une formation. Eh bien, tout cela est reporté sur le sous-traitant. Sauf que lui n’a souvent que deux postes à exercer : femmes de chambre ou bien gouvernante. Et donc il y a une hyper spécialisation qui va empêcher toute possibilité tant de reclassement que d’évolution professionnelle. Dans le nettoyage, les salariées ont souvent des carrières courtes, 15-20 ans, le mieux qu’elles peuvent espérer est alors de passer de femme de chambre à gouvernante.
Trou Noir : Pourrais-tu nous expliquer la différence entre femme de chambre et gouvernante ?
Tiziri Kandi : Les femmes de chambre, du point de vue de la division du travail, sont des salariées d’exécution. Ce sont elles qui exécutent le travail de remise en état des chambres. On parle de femmes de chambre, et pas de ménage. Ce n’est pas la même chose, et les tauliers s’appuient là-dessus pour dire que ce sont des métiers non qualifiés. Et souvent d’ailleurs les femmes de chambre vont être classées comme des femmes de ménage — je ne dis pas ça dans un sens dévalorisant — mais ce sont deux métiers différents. Le ménage consiste généralement, comme dans les bureaux, à ne rien bouger, à ce que tout reste en état, mais à passer l’aspirateur, etc. Alors que dans le cas d’une femme de chambre c’est un peu l’inverse. C’est vraiment la remise en état d’une chambre. Il y a une prestation entière qui est demandée. Cependant, il y a chambre et chambre. Celle dans un hôtel économique ce n’est pas la même chose qu’une suite dans un palace. Et pourtant, très souvent, les femmes de chambre sont payées de la même manière : 10, 47 euros de l’heure.
Les gouvernantes sont celles qui se chargent de contrôler le travail des femmes de chambre. C’est un métier qui a toujours existé, y compris dans le travail « domestique » pour lequel on parle de gouvernante de maison où il s’agit de bien vérifier que tout est en état. Ce qui est intéressant, c’est la sous-traitance aussi de ce métier-là, ce qui n’a pas toujours été le cas. C’est une contrainte juridique pour l’employeur. S’il n’y a pas de mesure de contrôle, de contremaître, alors l’employeur tombe sous le coup juridique de ce que l’on appelle du « prêt illicite de mains d’œuvre », c’est-à-dire une fausse manœuvre de sous-traitance.
Donc la sous-traitance de l’encadrement est une mesure nécessaire, car dans le cas contraire, c’est un des éléments qui peut prouver que c’est de la fausse sous-traitance. Une salariée d’exécution qui travaille directement sous les ordres et les directives du donneur d’ordre, ce n’est pas de la vraie sous-traitance, c’est une fraude passible de prison tant pour le donneur d’ordre que le sous-traitant.
Dans les hôtels de luxe, il y a des sous-couches entre ces deux métiers, comme des gouvernantes d’étages, des gouvernantes générales, etc.… Ou bien dans des hôtels comme l’Ibis des Batignolles, qui est un hôtel économique, mais avec 706 chambres, on a des femmes de chambre, des gouvernantes d’étage, une gouvernante générale de l’hôtel qui reçoit la prestation des sous-traitants et une inspectrice qui chapeaute plusieurs hôtels.
Trou Noir : Dans ton texte, tu remarques qu’il y a une syndicalisation plus forte des gouvernantes…
Tiziri Kandi : Oui et non. Disons qu’il y a quelque chose qui s’est passé ces 10-15 dernières années puisqu’il y a de plus en plus de syndicalisation, due au fait de l’évolution du monde du travail, c’est-à-dire le développement du dumping social, qui veut réaliser à tout prix du profit. Entre le sous-traitant et le donneur d’ordre, il y a un contrat commercial qui est fixé pour une durée déterminée, ne dépassant pas les trois-quatre ans. Une fois le contrat arrivé à terme, il est renégocié donc il y a un appel d’offres qui est fait par le donneur d’ordre. Et souvent c’est celle qui demandera le moins, économiquement parlant, qui gagnera le contrat. Donc bon, les gouvernantes se syndicalisent de plus en plus, car souvent ce sont d’anciennes femmes de chambre qui ont évoluées, qui connaissent le métier et qui viennent des mêmes milieux sociaux que les femmes de chambre. Qui ont les mêmes histoires. À l’Ibis des Batignolles, les gouvernantes l’étage doivent contrôler 180 chambres par jour, elles sont épuisées. La syndicalisation des gouvernantes n’est pas déterminante, mais quand elles sont avec toi, ça change quand même pas mal la donne. Concrètement, tu auras plus de facilité à syndiquer les femmes de chambre, parfois même ce sont les gouvernantes elles-mêmes qui vont demander aux femmes de chambre de se syndiquer. Dans les hôtels économiques, elles ont la place de « chef » qui leur permet d’avoir une visibilité. Donc globalement, quand les gouvernantes sont avec les femmes de chambre, c’est du pain béni. Dans le cas contraire, ça peut foutre la merde.
Trou Noir : Il peut y avoir un conflit entre gouvernante et femme de chambre sur la question des revendications par exemple ?
Tiziri Kandi : Pas tellement sur les revendications. Mais il peut y avoir des conflits. Par exemple quand la gouvernante apprend que les femmes de chambre sont syndiquées et qu’elle-même est anti-syndicat ou alors qu’elles sont syndiquées à la CGT propreté, alors là c’est la merde, parce qu’elle peut chercher la petite bête pour favoriser des licenciements de salariées. Ce n’est pas tellement après la grève que les choses se jouent, mais avant, dans le sens qu’elles ont la capacité d’empêcher les mobilisations. Mais quand tu les as avec toi, ça permet parfois de donner de la confiance aux femmes de chambre. Pas toujours non plus, car même dans le cas où il y a une grève, tu peux toujours avoir une légère méfiance. Même s’il y a une forme d’émancipation par le biais de la grève, il n’empêche que celle qui vont être les plus exposées médiatiquement — parce qu’elles maitrisent mieux le français, ont plus d’assurance du fait de leurs statuts, ont moins la barrière hiérarchique — ce seront les gouvernantes. Dans le cas de l’Ibis Batignolles, celle qui est la plus médiatisée, qui parle le plus, c’est Rachel Kebe, parce qu’elle est gouvernante.
Trou Noir : Ton texte revient sur la mobilisation de l’hôtel Ibis, qui a été assez médiatisé. Comment expliques-tu cette médiatisation ?
Tiziri Kandi : Plusieurs choses. D’abord c’est un conflit qui a débuté à Paris, ce qui joue beaucoup. La grève de l’Ibis Batignolles a démarré le 17 juillet 2019. Il se trouve que juste avant, en mai 2019, on a fait 34 jours de grève au Campanile du Pont de Suresnes, derrière le périf, pour laquelle on a eu droit à seulement trois articles. Le premier de l’Huma et deux du Parisien. Donc le rapport centre-périphérie à une grande importance. Ensuite, le 17 juillet il ne se passait rien à Paris, c’était une période ou BFM TV ne parlait que du beau temps. De plus, au début de la grève, on était encore dans la mouvance Me too. Et les femmes de l’Ibis Batignolles ont dénoncé le viol d’une de leur collègue par l’ancien directeur de l’hôtel. Alors certes, ça s’est passé deux ans plus tôt, mais c’était quand même l’occasion pour elles de dénoncer ce qu’il s’était passé. En plus de ça, Madame Chiappa avait pris la parole pour dire qu’elle voulait faire de la cause des femmes de chambre celle du quinquennat. Ce qui fait un timing assez fort pour la première semaine. On a eu une page entière dans Le Monde, on a eu Libé, trois pages dans L’Huma. Puis il s’est passé un temps où l’on n’avait pas grand-chose. Peut-être un article tous les quinze jours, voire même un par mois, du mois d’octobre jusqu’à fin novembre. On faisait des rassemblements devant la tour Accor pour faire venir les journalistes et des personnes politiques. Parce que les uns font venir les autres et vice versa. On est allé à l’université Paris8 et on a contacté les colleuses pour qu’elles fassent des collages là-dessus. Bref, on voulait que ça ne soit pas un combat syndicalo-syndical. Parce qu’il y avait un antécédent avec Accor, le cas des femmes de chambre d’Arcade en 2002-2003. Ça avait duré 13 mois. Donc on savait qu’Accor n’était pas très ouvert au dialogue social. On savait que ça n’allait pas durée trois semaines. Mais on ignorait que ça durerait vingt-deux mois ! Au moment de la réforme des retraites, il y a eu un regain d’intérêt pour les femmes des chambres de l’hôtel Ibis. Lorsque les syndicalistes de la SNCF étaient en grève depuis une semaine, nous, cela faisait cinq mois ! Donc même quand ce n’était pas des articles spécifiques, notre lutte était tout de même mentionnée. Après il y a eu le covid, alors tout le monde nous a oubliés. On en a profité pour contacter des personnalités médiatique et politique pour qu’elles signent des tribunes ou publient des tweets qui puissent être beaucoup repris.
Trou Noir : Est-ce qu’aussi les idées d’intersectionnalités, qui sont un bon instrument pour saisir les enjeux de cette lutte, ont pu jouer dans cette médiatisation ?
Tiziri Kandi : Oui, c’est un choix politique que de s’ouvrir à d’autres champs que celui du syndicat. Stratégie qui n’est pas propre à la grève des Batignolles, on l’a toujours fait. Quand on commence une grève, on informe toutes les organisations féministes et antiracistes. Tant que le conflit reste syndicalo-syndical, tout le monde s’en fout. Même les employeurs. Ils peuvent éventuellement régler quelques problèmes par-ci par-là, mais au compte-goutte, sans prendre les problèmes à la racine. Dans le cas de l’hôtel Ibis Batignolles, d’un côté, la durée de la grève, le fait qu’Accor ne voulait rien céder et la place compliquée des sous-traitants, et de l’autre, le fait de se faire taper sur la gueule par la CGT nous a amenés à vouloir construire des solidarités avec tous les gens à peu près respectables avec qui il était possible de tisser de liens. Et ponctuellement, il y a eu des choses qui ont permis que l’on sorte la tête de la boue. En février 2020, plus d’un an avant la fin de la grève, tous les journaux parlaient du fait qu’Accor pratiquait la discrimination raciale à l’embauche. Et comme nous demandions l’intégration des femmes de chambre, qui sont toutes issues de l’immigration, et qu’Accor ne voulait pas les embaucher, on était en plein dans l’actualité. De la même manière, à propos des débats sur la non-mixité, on avait sorti des montages photos mettant côte à côte le comité d’administration d’Accor avec le piquet de grève. Et là bizarrement, la non-mixité, quand il s’agit de division du travail, ça ne choque personne. Donc, plus la grève durait, plus elle s’intégrait dans l’actualité politique. On avait toujours quelque chose à dire. Et tout le monde s’est ressaisi de ça, au point que Rokhaya Diallo a débarqué sur le piquet de grève, avec des caméras. Il y a eu dans la foulée deux reportages, dont un de 90 minutes qui va retracer toute la grève…
Trou Noir : Une des pratiques originales de la CGT HPE est d’avoir indemnisé les grévistes de 42 euros par jours grâce à l’organisation d’une caisse de solidarité
Tiziri Kandi : À la CGT HPE on a un fonctionnement un peu atypique. Beaucoup disent que nous payons les gens pour faire grève. Je crois que beaucoup de personnes qui disent ça et qui viennent souvent de la CGT devraient ouvrir quelques livres d’histoire pour comprendre le rôle des caisses de grève dans l’histoire du mouvement ouvrier. On indemnise les grévistes à hauteur de 42 euros par jour grevé à partir du deuxième jour, ce qui fait environ 1000 euros par gréviste pour un temps complet. On n’a pas de caisse inépuisable, mais il est important qu’au tout début d’une grève, les salariées partent avec quelque chose en se disant qu’elles pourront payer leur loyer et leurs courses. Pour nous c’est important syndicalement, car on a de quoi tenir au moins un mois ou deux le temps de pouvoir récupérer des dons, pendant le temps de la grève. Cette caisse de grève est alimentée par les dons, récoltés à l’occasion de la défense des salariées devant les conseils de prud’hommes, devant les instances judiciaires. On faisait beaucoup de défense devant les prud’hommes, la cour d’appel, etc. On ne le fait plus aujourd’hui. Or il se trouve qu’on gagnait souvent. Et quand les salariées gagnaient, on les incitait à faire des dons au syndicat pour permettre d’avoir une autonomie entière à la fois des patrons, mais aussi de la CGT. Parce que la CGT n’est pas indépendante, elle bénéficie du paritarisme. Donc pour nous, l’autonomie est très importante, et les dons permettent de se doter de personnel pour la CGT HPE, de payer les charges de copropriété de nos locaux, et d’être indépendant du patron, de l’État et de la bureaucratie syndicale.
Cette pratique d’indépendance nous a amené de gros ennuis, puisque la CGT a porté plainte contre moi et Claude, mon collègue, pour « escroquerie et abus de confiance ». Ils nous accusent d’avoir forcé des salariées à faire des dons au syndicat. En sous-entendant très largement qu’une partie de l’argent avait filé directement dans nos poches. Il y a eu une enquête pendant plus d’un an, un grand article du Parisien du 13 novembre 2020 qui exposait notre vie privée. Nous, pendant tout ce temps-là, on leur a donné accès à nos relevés bancaires. La CGT en a profité pour dire que les femmes de chambre de l’Ibis Batignolles étaient manipulées, qu’elles ne voulaient pas faire grève. C’est aussi une des raisons pour laquelle on s’est tourné vers l’extérieur, car il n’y avait rien à attendre de la confédération. Martinez n’a jamais mis les pieds sur la grève de l’Ibis Batignolles qui a duré 22 mois au total, alors qu’au deuxième jour de grève chez les camarades Sanofi, il s’est pointé en blouse blanche. Ils ont contacté l’inspection du travail dans le but qu’il n’y ait pas de médiation, en disant que nous étions des escrocs qui manipulaient les femmes de chambre. Le 22 juin dernier, notre domicile a été perquisitionné par huit gendarmes à 6 heures du matin nous amenant à 36 heures de garde à vue. On a été auditionné, et on est encore poursuivi pour escroquerie pour avoir sollicité des dons pour le compte du syndicat, avec la précision du parquet qu’il n’y a jamais eu d’enrichissement personnel. On est quand même poursuivi pour avoir sollicité des dons pour le compte du syndicat, ce qu’on a toujours affirmé. L’argent a toujours servi dans les grèves. Pour nous, le procès qui vient le 18 janvier prochain est un procès politique : est-ce qu’un syndicat peut solliciter des dons pour collectiviser les victoires individuelles ? Car l’argent sert à gagner en autonomie, et à indemniser les grévistes. Les « plaignantes » ont toutes bénéficié de la caisse du syndicat : ces personnes ont fait il y a cinq ans des dons entre 300 et 800 euros par personne, mais elles ont toutes bénéficié d’au moins mille euros par mois pendant les trois mois de leurs grèves. Le syndicat a quand même sorti 80 000 euros quand elles étaient en grève… Mais heureusement qu’on a les reçus de tout cela, car certes on se fait confiance entre camarades, mais comme dirait Lénine, un petit contrôle, accessoirement, un petit grigri sur un reçu ça ne fait pas de mal quand on reçoit de l’argent d’un syndicat. Donc on a quand même les éléments matériels de notre défense.
Trou Noir : Une dernière question sur l’internationalisme, qui semble importante pour vous, avec des rencontres en Suisse, à Londres, en Espagne…
Tiziri Kandi : Je ne sais pas si cela vient de notre formation marxiste, même si les autres de la CGT sont souvent encartés aux PC — enfin tu me diras le PC, c’est quand même pas une grande formation marxiste, on ne va pas se mentir — on a quand même conscience que ce qu’il se passe en France ne se passe pas qu’en France. À notre niveau, on tente de construire des convergences en partant du plus proche et disons qu’on a une idée des convergences qui n’est pas celle du PC ou même des trotskystes. Aller discuter concrètement de comment faire des choses ensemble. On a eu l’occasion, pendant une grève à Clichy, avec une équipe de 12 grévistes, ce qui est une petite équipe, d’aller faire des actions en Europe pour rencontrer d’autres camarades. De la même manière que quand on se balade en France, on contacte les structures locales, de même on a été faire des actions devant des sièges de compagnie à l’international, comme à Londres par exemple où on a contacté les structures sur place. Et eux ils mobilisent de leurs côtés aussi, donc on a fait des actions. Devant l’intercontinental à Londres en fin 2017, à Barcelone, à Bruxelles, à Genève. Et toutes ces actions-là ont été des moments de rencontres et de discussions sur comment faire ensemble. Et parfois on se déplace. Mais des fois, on n’a même pas besoin de le faire ! Par exemple en 2018, quand on faisait la grève, les camarades de Londres ont organisé un rassemblement devant le siège de Londres. Ils étaient 100 personnes, et c’était très bien. Et ils ont organisé ça en toute indépendance de nous. C’est une manière de porter les revendications locales à un niveau plus global. On loue un autocar dans lequel on réserve quelque place pour les journalistes, ce qui fait qu’il y a des articles au niveau local, mais les camarades sur places contactent aussi des journalistes, et donc les employeurs se retrouvent doublement emmerdés. Là je vais au congrès de l’UNSA en Suisse, pour causer féminisme et antiracisme dans les milieux syndicaux. Car ce qu’on essaie de défendre à l’intérieur de notre syndicat, c’est que les structures prennent enfin en compte les questions de féminisme et d’antiracisme. Y compris pour l’accès aux postes de responsabilités dans les organisations aux camarades femmes et racisées. Y compris pour l’accès à la parole des grévistes sur leurs grèves. C’est important que les personnes qui se retrouvent invitées sur les plateaux TV et dans les journaux, soient les mêmes personnes qui font la grève et pas les permanents syndicaux. Tout le monde y gagne. Moi par exemple, je ne connais le métier de femme de chambre que de ce qu’on m’en dit, je ne l’ai pas expérimentée.
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