Quel est le corps de l’astronaute ? Et quel est son lien avec la sexualité, ou même l’amour ? Ces questions sont tout sauf anodines et farfelues. En analysant la discipline des corps des astronautes, les exigences de la NASA à leur encontre, mais aussi l’architecture des vaisseaux spatiaux, c’est tout notre monde qui se comprend et expose ses obsessions. Formidablement sourcé et riche en témoignages, cet article d’Eli Rafanell nous montre également comment - même dans l’espace aseptisé de la conquête spatiale - le corps trouve des manières de résister et ne se laisse pas domestiquer passivement.
Image d’en-tête : Claire Gitton
Image de fin de texte : Soraya Abdelhouaret
Pour devenir un ange il faut
faire de la natation
il faut aimer son père.
Pour devenir un ange il faut être fort
en karaoké
quand on est un ange ce qu’on préfère à la télé c’est la pub
on arrive à voir dans les yeux des caméras
et on se souvient de tous les visages de tout
on a pas besoin de mot de passe
être un ange c’est être ami
avec tous les ordinateurs.
Thomas Pesquet aime tout le monde toutes les choses
tous les animaux
il parle avec les poussins morts dans les machines.
Il aime
faire du crawl
jour de grâce
nage papillon.
1.
L’exploration de l’espace a toujours été la traduction d’une logique de conquête. Elle fut d’abord le terrain d’une compétition féroce entre les États-Unis et l’URSS pendant la guerre froide, un moyen pour deux puissances d’affirmer leur pouvoir. LUNA 2, la première sonde spatiale envoyée dans l’atmosphère explosa sur la lune en laissant autour d’elle une centaine de petits drapeaux en acier marqués du signe communiste de la faucille et du marteau. Ce fut la première ruine lunaire.
Aujourd’hui, la conquête de l’espace se place dans la continuité du vieux fantasme capitaliste de dépasser les limites terrestres et humaines, en s’appropriant toujours plus de territoires. À une époque où la vie sur terre se fait de plus en plus fragile dû à des siècles de destruction d’une économie qui se prétend sans limites, quitter l’écoumène pour vivre sur Mars ou sur la Lune est envisagée comme une solution de fuite. Fuir une terre désolée, aux ressources épuisées et conquérir d’autres planètes est un rêve qui pourrait paraître naïf mais dans lequel ont investi de grande puissances. Et aujourd’hui, des milliardaires tels que Richard Branson, Jeff Bezos et Elon Musk, dans leur mégalomanie, ont redonné de l’élan à la conquête spatiale [1], jusqu’ici portée uniquement par la NASA ou l’Agence spatiale européenne. Ce rêve se place en continuité directe avec des logiques de consommation et de productivité dévastatrices.
Dans son essai Par-delà les frontières du corps [2] , Sylvia Federici analyse comment le capitalisme a du modifier et soumettre nos corps pour en faire des forces de travail, et cela par un long processus de disciplinarisation. Ce processus s’est illustré de manière évidente et atroce à travers les stratégies de violence mise en place par les colonisations se déployant à travers des exterminations, des prédations de ressources, des ravages environnementaux. Mais aussi par l’objectivation des corps des personnes colonisées.
Cette disciplinarisation des corps peut également se traduire de manière plus insidieuse. Dans son ouvrage The Book of sleeps [3] , écrit pendant les émeutes de 2013 contre le président égyptien Mohammed Morsi, Haytham el Wardany analyse comment nous n’arrivons plus à trouver le sommeil. Porté dans le flux incessant de vies tournées essentiellement vers des logiques de productivité, les cas d’insomnies se multiplient, et les nuits se passent pour beaucoup les yeux grands ouverts. Ces insomnies sont la traduction d’une impossibilité à quitter un état productif, à laisser aller son corps à une activité qui empêche absolument le travail ou la consommation, et qui nécessite l’abandon de soi. Pour l’écrivain, le sommeil devient alors non pas une position de passivité, mais un acte de résistance. Celui qui dort ne produit pas, celui qui dort n’est pas en compétition avec les autres.
Dans le chapitre « Revisiter les mormons dans l’espace avec George Caffentzis » de l’ouvrage évoqué, Sylvia Federici décrit la condition d’astronaute comme l’apogée du corps transformé en force de travail à travers une discipline totale.
L’astronaute est surentraîné. La disciplinarisation de son corps s’effectue bien avant son voyage dans l’espace. Sur terre, l’astronaute suit une formation d’athlète, et passe quotidiennement de longues heures à simuler ses futures missions dans les espace clos de piscines censées reproduire l’apesanteur. Sa vie est entièrement dédiée à son travail. Il ne peut commettre le moindre écart car il est constamment évalué et examiné. À travers des tests de personnalité, on vérifie qu’il est prudent, obéissant, mais aussi flexible. Sur des milliers de candidatures seulement une dizaine de candidats seront sélectionnés.
La rigueur avec laquelle l’astronaute s’entraîne répond au danger de ce qu’est la vie dans l’espace. Car dans ce milieu hostile la moindre erreur peut être fatale. Plusieurs dangers menacent l’astronaute. Parmi eux, notons la micro-gravité, qui entraîne pour son corps des chutes du taux de calcium, des dommages au niveau de son squelette, une perte de sa masse musculaire et des problèmes concernant l’oreille interne. Ou encore les radiations, qui peuvent provoquer des changements néfastes de son système biologique. Ajoutons enfin les problèmes posés par l’environnement thermique : l’espace est traversé par de très grandes différences de températures. Sans oublier les micro-météorites, qui peuvent abîmer le vaisseau et provoquer des fuites d’oxygène.
Pour vivre dans cet environnement hostile, il est nécessaire que les astronautes soient impeccablement entraînés, que leurs corps et leurs performances aient été parfaitement évaluées, et que ses hommes soient disposés à toujours, surtout, obéir aux ordres.
Car au-delà de ses performances physiques et intellectuelles, c’est aussi le caractère de l’astronaute qui doit être discipliné. Imaginez un astronaute se réveillant de mauvaise humeur. Il regarde son petit déjeuner et sa nourriture lyophilisée le dégoûte. Ses collègues lui adressent la parole, et il est incapable de leur répondre car ils ne les supporte plus. Il devient mutique, repense à sa vie sur terre. Dans une décompensation psychotique, l’astronaute s’attache à son lit et refuse d’en sortir pendant plusieurs jours, agressant quiconque voulant le convaincre de retourner au travail. Il se met en grève.
Ce genre de scénario est évidement inenvisageable pour la NASA. C’est pour cela que les travailleurs de l’espace sont également évalués psychologiquement.
« Il faut un individu qui puisse endurer longtemps l’isolement social et la privation sensorielle sans se détraquer [4] », souligne Sylvia Federici. Pour cela, de nombreuses expérimentations ont été mises en place. L’auteure cite par exemple la station d’observation du Pôle Sud en antarctique, « centre prétendument créé pour étudier les conditions météorologiques, astronomiques et géographiques mais qui fonctionne en réalité comme un centre d’expérimentation sur les humains : l’étude d’êtres humains dans des conditions extrêmes se rapprochant des conditions spatiales (isolement pendant des mois, manque des contact sensuel, etc) [5] ».
Quelques unes de ces expérimentations ont été parfois rendues publiques, mais alors sous une certaine mise en scène. Ainsi entre les années 1960 et 1966, la NASA a filmé 24h sur 24 des groupes de quatre hommes pendant des périodes de quatre mois ou plus enfermés dans un « living-pod ». Le living-pod était un habitat terrestre en acier sphérique ayant pour but de reproduire les conditions de vie dans un vaisseau spatial. Cet habitat claustrophobique avait été conçu pour répondre uniquement aux besoins primaires de ces habitants et était ré-approvisionné tous les quatre mois.
Ces vidéos, à la fois outil de surveillance, d’analyse et de propagande pour la NASA, ont pris la forme d’un reality show, « The Case for regeneration », créé en partenariat avec des entreprises énergétiques. Dans ce show on apprenait à ces quatre hommes à manger, uriner et déféquer, accompagnés par des médecins, des nutritionnistes, des ingénieurs chimiques, des microbiologistes et des architectes.
Plus récemment, le programme Hi-Seas a été une autre expérimentation de confinement pour étudier la vie hors de la planète Terre. Pendant des périodes de quatre à douze mois, six personnes ont subit un isolement complet dans un dôme de 93 mètres carrés censés reproduire l’environnement de la vie sur Mars. Pour cela, leur habitat sphérique a été installé à 2400 mètres d’altitude sur le volcan de Mauna Loa à Hawaï. Cette mission fut la plus longue expérience d’isolement organisée par la NASA, dans le but explicite d’étudier la cohésion et l’évolution psychologique des participants.
Ce qui ressort de ces recherches, c’est l’étrange disparition de la question de l’amour et de la sexualité. Aucune étude sur ce sujet n’a été à ce jour rendu publique par la NASA ou SpaceX, comme si l’éventualité même de relations amoureuses ou sexuelles entre astronautes était totalement inenvisageable pour les grandes agences spatiales [6].
Ce désintéressement n’est pas partagé par le site pornographique le plus utilisé au monde, Pornhub. Ce géant de l’industrie pour adulte avait pour ambition de filmer ce que n’avait jamais montré dans le reality show « The case for regeneration » en mettant en place en 2015 une cagnotte publique pour financer le premier film pornographique dans l’espace.
Dans la vidéo de présentation du projet mise en ligne par Pornhub, l’actrice Eva Lovia s’exclame : « C’est l’incroyable opportunité de faire l’histoire à travers deux jobs de rêve en même temps : pornstar et astronaute [7] ».
Déclarant vouloir non seulement changer le visage de l’industrie du film pour adulte mais également contribuer aux avancées scientifiques en documentant la possibilité d’un rapport sexuel dans l’espace, la cagnotte qui visait les 3,4 millions de dollars pour couvrir les coûts de la réalisation du film n’a malheureusement récolté que 236 093 dollars. La sexualité dans l’espace restera donc pour l’instant dans les oubliettes.
Une des raisons de ce puritanisme de la part des agences spatiales concernant les questions amoureuses et sexuelles se justifie par le devoir pour les astronautes de n’avoir entre eux que des relations professionnelles à tous les égards.
Car dans le dispositif d’arraisonnement des relations humaines mis en place par les agences spatiales entre les astronautes, l’amour et la sexualité, comme des émotions telle que la colère et toute autre pulsion passionnelle, représentent un danger.
La sexualité, comme l’affirme Sylvia Federici, est un danger pour la NASA, car le désir est une forme de liberté incontrôlable, qui bouleverse la mise en discipline des corps et leur transformation en force de travail. « Peut-on se permettre d’être excité ou de se sentir seul dans l’espace ? Peut-on se permettre d’être jaloux ou de vivre une rupture conjugale ? [8] ». Manifestement pas pour les agences spatiales. Les astronautes doivent donc être des êtres « purs », ne succombant jamais à des élans de désirs ou de colères, obéissant parfaitement aux ordres. Pour cela, la NASA ne doit pas se contenter de transformer la personnalité de ses travailleurs, ils doivent préalablement porter en eux cette discipline et ce détachement des désirs sexuels.
Cela explique pourquoi, parmi les astronautes, les mormons sont si nombreux. La NASA suppose qu’ils ont déjà incorporé l’obéissance, la discipline et la condamnation du désir à travers un mode de vie très strict. Dans son essai, Sylvia Federici rapporte les paroles de Wally Schirra, astronaute de la NASA en 1968 :
« Je me sentais en apesanteur, je ne sais pas, tellement de choses à la fois... Un sentiment de fierté, de saine solitude, de dignité, l’impression d’être libéré de tout ce qui est sale, collant. On se sent à l’aise, on a plein d’énergie, une envie pressante de faire les choses, une telle capacité à les faire. Et on travaille bien, oui, on pense bien, on se déplace correctement, pas de sueur, pas de difficultés, comme si la malédiction biblique ’à la sueur de nos fronts et dans la peine’ était effacée, comme si on renaissait [9] ».
À ce témoignage on pourrait ajouter celui de Don Lind, pilote de réserve en 1973 :
« La première fois que j’ai eu enfin une minute pour juste m’arrêter et regarder la terre, la beauté absolue de la scène m’a fait monter les larmes aux yeux. Dans l’apesanteur, les larmes ne roulent pas silencieusement sur tes joues. Elles restent sur tes globes oculaires, et deviennent de plus en plus grosses jusqu’à ce que tu te sentes comme un poisson regardant à travers la surface d’un aquarium. Maintenant, essaie d’imaginer ce que c’était pour moi d’avoir cette scène devant mes yeux, pendant que des douzaines de fragments des écritures surgissaient dans mon esprit. ’Les cieux proclament la gloire de Dieu’, Psaume 19. ’Si vous avez vu les cieux, vous avez vu Dieu agissant dans toute sa majesté et sa puissance’. Je suis sûr que tu peux imaginer combien je me suis senti proche du Père dans les cieux pendant que je regardais ses créations magnifiques. J’ai été vraiment ému par une prise de conscience accrue de ce qu’Il a fait pour nous en tant que Créateur de notre terre. Ce fut l’une des expériences les plus émouvantes de ma vie. (...)
Une autre expérience qui m’est très chère est d’avoir fait le sacrement en orbite. Nous étions dans l’espace pendant une semaine complète, donc bien sûr, nous étions là-haut un dimanche. Notre évêque m’avait donné la permission de tenir mon propre service. C’était un peu inhabituel. Vous, prêtres dans l’auditoire, pourriez vous demander ce que ce serait d’essayer de s’agenouiller en apesanteur – et bien vous ne pouvez pas vous empêcher de vous endormir. Pour plus d’intimité, j’ai tenu mon service dans ma station de sommeil, qui ressemble un peu au wagon d’un train de nuit. Je me suis agenouillé sur ce que vous pensez être le plafond et j’ai appuyé mes épaules contre mon sac de couchage pour ne pas flotter. C’était une expérience très spéciale [10] ».
2.
Les astronautes doivent donc être des êtres ascétiques, qui ne portent en eux ni colère ni désir, et dont le corps surentraîné doit fonctionner parfaitement et s’accorder à l’environnement du vaisseau spatial, qui est à la fois architecture et appareil technologique. Et quels sont alors les procédés spatiaux mis en place pour faire que le corps s’accorde à la machine ? Comment le corps devient lui-même machine, un objet fabriqué qui transforme l’énergie en travail ? C’est que dans l’environnement spatial, tout les objets sont technologiques.
Dans le manifeste Comment quitter la terre ? Jill Gasparina, Christophe Kihm et Anne-Lyse Renon analysent l’habitabilité des vaisseaux spatiaux. Un article est consacré à l’objet du gant. Pour concevoir cet objet, six caractéristiques de bases ont été établies. Amplitude du mouvement, force, tactilité, dextérité, fatigue et confort. Le port des gants n’accompagne pas seulement les actions de la main du cosmonaute, il implique également de nouvelles gestualités. L’épaisseur du gant, en empêchant le ressenti par le toucher contraint à développer des systèmes de substitutions sensorielles. « Le projet RoboGlove, développé par l’entreprise suédoise Bioservo en 2016, associe quand à lui un gant contenant des capteurs et un exosquelette robotisé venant amplifier et préciser les mouvements captés sur les mains à l’intérieur de l’enveloppe gantée [11] ». Même les sensations sont transformées et médiatisées par la technologie.
Cette médiation entre corps, sensation et technologie est évidente à travers l’objet du scaphandre. La combinaison de l’astronaute constitue en elle-même une enceinte, un habitat qui le sépare de l’espace et qui pourtant lui permet d’y survivre. C’est à travers cette isolation que l’astronaute peut évoluer dans cet environnement. L’isolation devient condition d’habitabilité. La combinaison actuelle américaine pèse 127 kg, et est composée d’un « système multicouches complexe, hautement technologique et pressurisé [12] ».
Cet habitat hyper individuel permet d’assister le corps de l’astronaute, d’accompagner ses actions en le protégeant des radiations et en créant un environnement artificiel au sein duquel il peut respirer. C’est grâce à lui qu’il peut survivre dans des conditions de microgravité. Les combinaisons ne sont pas seulement des enveloppes, elles sont un système qui fait fusionner corps et technologie. On assiste alors à une paradoxale fusion par l’isolation.
Dans des conditions de micro-gravité, les gestes les plus banals sont à redéfinir, imposant de nombreux aménagements au sein du vaisseau. Le simple fait de se tenir debout dans une certaine direction devient compliqué. En conséquence, l’environnement du vaisseau spatial est un univers complexe de techniques pour immobiliser le corps de l’astronaute et éviter qu’il ne flotte dans tous les sens.
Ainsi, les lits, qui sont sur la terre de simples étendues plates et plus ou moins molles, deviennent dans l’espace des dispositifs qui s’apparentaient pendant longtemps à d’horribles camisoles. Dormir dans le vaisseau nécessitait par exemple dans la station Skylab (1973-1979) la mise en place quotidienne d’une installation compliquée, faite de bâches en plastique, de ceintures et d’accroches multiples et diverses. Le lit de l’astronaute est alors nommé « the sleep restraint frame [13] », littéralement « le cadre de retenue du sommeil ». L’astronaute doit s’allonger verticalement le long du mur dans l’objet complexe qui lui sert de lit, et dormir en quelque sorte debout, le sommeil enfin domestiqué. D’ailleurs, les astronautes témoignent ne pas dormir beaucoup.
Gene Cernan, astronaute à bord de la station Appolo 17 (1972), s’exclame à propos du sommeil « what a waste of time [14] ».
Dans la station spatiale Salyut 7 (1982-1991) l’astronaute Valentin Lebedev affirme ne presque jamais avoir dormi pendant sa mission, et Mikhailovich Grechko, qui travaillait dans la station spatiale Salyut 6 et 7 déclare ne pas aimer manger ou dormir dans l’espace, car il est trop occupé par ses expériences d’ingénierie [15].
Citons enfin Gerard Thiele, astronaute à l’ESA (agence spatiale européenne) qui affirme que régulièrement, le commandant et le pilote de son vaisseau préfèrent somnoler dans la station de contrôle plutôt que dans leur lit, pour pouvoir agir immédiatement si un ordre leur est donné [16].
L’astronaute idéal est un homme qui ne dort jamais, toujours absorbé par son travail, toujours réactif et prêt à obéir aux instructions à n’importe quel moment.
Ajoutons à cela que l’espace est entièrement programmé, balisé, strictement intentionnel : pour pouvoir marcher ou se déplacer dans une certaine direction, des grilles en aluminium sont incorporées aux murs ou aux plafonds. Grâce à des cales présentes sous les chaussures des astronautes, ceux-ci peuvent s’emboîter aux prises offertes par les grilles et se déplacer en se fixant ainsi à ces supports. « Sangles en tissus, arceaux, repose-pieds, poignées, mains courantes... ces systèmes de retenues (restraint system) ponctuent les habitats spatiaux [17] ». C’est par ces systèmes de retenue que l’astronaute peut se déplacer dans le vaisseau, guidé par leurs dispositions et leurs emplacements. Ce sont des objets qui sont à la fois des contraintes et des permissions. Ils lui permettent de faciliter ses mouvements, tout en déterminant un parcours et une certaine manière de se déplacer.
Accroches, ceintures, cales, combinaison, scaphandre, gants, font partie des nombreux objets techniques qui permettent à l’astronaute de s’adapter à son environnement. Par la médiation de ces objets technologiques qui l’enveloppent et accompagnent ses mouvements, son corps devient machine et fait corps avec la capsule du vaisseau. Il devient lui-même capsule, machine, s’intégrant ainsi au réseau du vaisseau spatial en en constituant ainsi un des éléments.
Dans son essai The architecture of closed worlds [18], Lydia Kallipoliti se pose la question du lien entre les capsules spatiales, les sous-marins et les tours de bureaux, qui ont en commun d’être des espaces fermés, conçus comme des lieux autonomes, qui’l faut purifier de tout ce qui pourrait y faire intrusion.
Dans la station spatiale, qui est un monde clos sur lui-même, la question des déchets est un problème majeur pour le fonctionnement de la structure. Comment faire en sorte de perdre le moins possible d’énergie, de ré-utiliser le plus possible les déchets produits ? C’est la question que s’est posée la compagnie General Dynamics (une des entreprises qui sponsorisait le programme de téléréalité « The case for regeneration ») lorsqu’elle expliquait le fonctionnement du living-pod par un diagramme qui nous paraît être aujourd’hui un mode banal de représentation mais qui était à l’époque précurseur.
Dans son essai, Lydia Kallipoliti analyse ce diagramme, qui a pour but de montrer comment il serait possible de survivre dans un espace fermé grâce à un système énergétique circulaire où tout serait transformé et réutilisé, permettant d’effacer la notion même de déchet.
Elle fait la supposition que recycler les déchets en argent est un des constituants factuels de la production capitaliste, citant comme exemple la capacité de l’économie à créer des bulles de marchés sur les ruines environnementales, comme le prouve l’échange lucratif d’émissions de crédit de dioxyde de carbone entre pays suite au protocole de Kyoto.
Dans un monde où tout doit être valorisé dans le sens économique du terme, rien ne doit se perdre, tout doit participer à une chaîne ininterrompue de production et de rendement. C’est en cela que l’économie circulaire, si populaire dans les théories de gestion écologique actuelles, ne rompt pas avec des principes capitalistes. C’est un système économique à travers lequel les déchets sont encore une fois valorisés en tant que productions, sur lesquels on peut encore capitaliser. Rien ne doit se perdre, aucune faille, aucun accident qui viendrait rompre la circularité n’est envisageable. Rien ne peut ni doit faire partie d’un dehors.
Lydia Kallipoliti nous met en garde contre ce type de représentation diagrammatique popularisée par la compagnie General Dynamics qui s’est également diffusée dans le monde de l’architecture. En utilisant les signes de flèches d’entrée et de sortie pour figurer les flux d’énergie, il en émerge une codification du monde réductionniste, éliminant les notions de pertes et de créations dans une boucle fermée.
Au centre du diagramme du living-pod est situé le corps humain, lui-même intégré à cette logique de réseau en continu. Il devient un des composants de ce système d’entrée et de sortie ; l’eau sale qu’il produit est transformée en eau potable et consommée de nouveau. Les énergies gravitent autour de lui dans une circularité dont le corps fait partie. Les déchets disparaissent, captés par ce système circulaire, transformés à nouveau. Ce type de représentation, avec des flèches montrant les entrées et les sorties du réseau, s’est d’abord développé dans la programmation informatique. Ici, en plus d’être incorporé à cette boucle diagrammatique, l’être humain en devient le centre. Il est non seulement complètement intégré à son environnement technologique mais il en est également le cœur.
Cette image du corps humain placé au centre d’un monde fermé autour duquel gravite un flot incessant de productions et de marchandises est un mode de pensée qu’on retrouve certes dans l’architecture de la station spatiale, bulle uniquement conçue pour la survie de l’homme et pour permettre ses désirs de conquête, mais également dans la manière générale dont l’homme occidental a imaginé le monde.
Il est important de rappeler une évidence : c’est que cette centralité de l’homme s’est construite au détriment d’êtres non-humains. Pour permettre la conquête de l’espace, qui est d’ailleurs une entreprise extrêmement polluante, de nombreux animaux ont servi de cobayes pour qu’un homme puisse un jour fouler la lune.
Rappelons que le premier astronaute avait un visage de chien. Ou plutôt de chienne : Laïka, une chienne russe, fut lancée en 1957 à bord du vaisseau soviétique Spoutnik 2. Elle est morte quelques heures après son décollage, déshydratée et brûlée par les radiations, seule parmi les étoiles. Près de 20 ans sont passés avant que soient déclarées les vrais circonstances de sa mort, le gouvernement russe ne voulant pas ternir la narration héroïque du premier être vivant envoyé dans l’espace [19].
Des âmes de singes, de souris, de chats et de rats errent aujourd’hui dans le cosmos, sacrifiés par la recherche scientifique pour étendre nos connaissances de l’univers et nos désirs de conquêtes.
Centralité des humains oui, mais pas n’importe lesquels. Pendant les missions Slylab entreprises par la NASA, il est devenu évident qu’il fallait prendre en compte la microgravité pour concevoir les stations spatiales.
En 1975, une analyse des positions en micro-gravité est étudiée, et il ressort de cette étude une position qu’on juge idéale pour le corps humain dans ce type d’environnement. Car la mircrogravité entraîne une perte de calcium, des changements au niveau du squelette, une perte de la masse musculaire, des complications au niveau de l’oreille interne, et plus généralement des difficultés à se déplacer ou à s’immobiliser. Un graphique a été produit à l’issue de ces études, qui servira comme base pour le design de l’architecture des vaisseaux spatiaux, une sorte de modulor cosmique. Or, ce graphique, utilisé comme mesure jusqu’en 2010 [20], n’avait pourtant été réalisé qu’à partir des mesures de trois hommes américains. Le corps de trois hommes américains ont donc été la mesure, le centre, la base de plus de 45 ans de construction spatiale.
3.
L’architecture du vaisseau spatial est donc une architecture pleinement technologique, au sein de laquelle le corps de l’astronaute s’accomplit comme force et simultanément outil de travail : il devient lui même machine et appartient de manière totale à une architecture autoritaire qui guide ses mouvements, le protège et à la fois l’exclut du monde.
Et pourtant, même dans l’architecture autoritaire du vaisseau, les astronautes se réapproprient parfois leur espace, et dérogent à la planification spatiale du quotidien. Qu’on observe par exemple le simple acte de dormir. Nombreux sont les témoignages d’astronautes qui modifient l’usage ou la position de leur lit. Dans l’ouvrage de Sandra Häuspik-Meusburguer, Architecture for astronauts, l’auteure étudie entre autre l’évolution des espaces de sommeil dans la conception des vaisseaux spatiaux et la manière dont les astronautes y dorment. On découvre au fil des pages de nombreux détournements :
Dans la station Skylab de 1974 certains dorment à l’envers pour garder de l’air dans leurs narines, et l’astronaute Weitz ne dormait pas dans le quartier avec les autres, mais dans le dôme avant du vaisseau. Il déclare également avoir des difficultés à dormir suspendu contre le mur. Il préférait alors détacher son lit de la paroi et le déplacer dans le grand espace qui servait à la fois de salle à vivre et d’espace de travail. Dans cet endroit, il attachait alors son lit horizontalement au mur.
Jerry Linenger, astronaute à bord des missions Discovery et Atlantis déplace son lit pour pouvoir dormir face à un ventilateur afin de respirer de l’oxygène plus frais pendant qu’il dort.
Jean Pierre Haigneré, astronaute de l’ESA (agence spatiale européenne) déclare lui avoir changé son lit de place pour pouvoir être face à une fenêtre et pouvoir observer la terre. Reinhold Ewald, qui a volé à bord du vaisseau Soyouz-TM25 dormait en accrochant son sac de couchage aux cordes utilisées par ses collègues pour se déplacer dans la station, lui permettant ainsi d’immobiliser avec plus de stabilité son sac de couchage. Il préférait également dormir dans la pièce du vaisseau avec les plus lourds équipements technologiques, qui permettaient d’opposer une barrière plus épaisse aux radiations présentes dans l’espace.
En plus de modifier leur position de sommeil ou l’emplacement de leur lit, certains personnalisent également l’espace de la station. Dans les vaisseaux de Salyut, il arrive que les astronautes attachent aux murs des photos de ceux et celles qu’ils aiment près de leurs lits, affirmant ainsi leur personnalité dans l’espace qui leur était dédié pour dormir [21]. Le besoin de faire d’un lieu son chez-soi existe donc toujours, même au creux aseptisé de la station spatiale.
Lebedev, astronaute à bord de Salyut 7 aimait quant à lui prendre soin de ses orchidées, qu’il cultivait dans la station. Il déclarait qu’elles étaient essentielles à la vie dans l’espace, lui permettant de se mettre dans un état de contemplation et de se détendre. Ryumin appuie ses propos en affirmant que les plantes à bord du vaisseau ne sont pas seulement utiles pour les expériences scientifiques, mais également pour apaiser l’équipage [22].
L’astronaute n’est donc pas seulement un être de discipline, il improvise, il singularise l’espace pour en faire un lieu. Même dans l’espace du vaisseau, rien ne peut être totalement prévisible. Car l’imprévu surgit toujours, et parfois malgré même la volonté de l’astronaute.
Entraîné à devenir des êtres purifiés, légers, dénués de toute saleté, le corps de l’astronaute est pourtant bien un corps : imparfait et suant, pas toujours obéissant.
Neil Amstrong déclarait que l’odeur des flatulences était un gros problème dans l’espace. C’est un témoignage que l’on retrouve souvent en lisant les récits des premiers astronautes, dû à la conception encore imparfaite des vaisseaux : à la fin d’une mission, une odeur d’excréments et d’urine remplissait la station. Aujourd’hui, des ventilateurs permettent d’absorber constamment les mauvaises odeurs, mais une odeur rance de transpiration continue toujours d’envahir les espaces de travail. Et parfois, le système de contrôle thermique tombe en panne, car rien n’est indestructible, même dans le monde clos et sur-contrôlé du vaisseau spatial, et alors de lourds relents de moisissure envahissent la station.
Des astronautes affirment que pendant leur mission certains se lavent et d’autres non. Valery Ryumin se plaignait que les préparations pour utiliser une douche en micro gravité prenait la moitié d’une journée, ce qui expliquait que certains préfèrent s’en passer [23]. Il y aurait donc malgré tout, des astronautes sales et paresseux ?
Jerry Linenger déclare dans son autobiographie avoir passer quant à lui cinq mois sans se laver [24].
Valentin Lebedev témoigne qu’à la fin d’une mission, la station n’est que désordre et saleté. Les équipements débordent de partout, les objets sont en désordre, les passages sont bouchés. Le problème est que dans l’espace tout flotte : « poussière, morceaux de déchets, miettes de nourriture, gouttes de jus, café et thé. Tout finit suspendu dans la station, avec la plus grande partie incrustée sur les grilles d’admission des ventilateurs [25] ».
Et même dans l’espace idéal du living-pod, simulation où tout est censé être capté dans une boucle de recyclage, des imprévus dû aux corps humains émergent. Des micro-particules de saletés, de cheveux, de peaux, se coagulent avec des restes de nourritures, de tabac, de bactéries saprophytes, et forment des déchets qui contaminent l’air du living-pod et font dérailler son fonctionnement en boucle fermée. Les hommes qui y habitent sont sujets au bout de quelques mois à des maux de tête et de vomissements, dus à la dépravation des systèmes de filtration.
Finalement, la réalité rattrape l’idéalité du circuit fermé de la station. Les accidents sont partout, la boucle s’ouvre, les fluides et les déchets envahissent les espaces de travail. Le corps revient, sale et triomphant.
Jusqu’ici nous n’avons évoqué que des accidents qui émergent au sein du vaisseau, mais parfois les accidents surviennent à cause d’événements extérieurs. Car le vaisseau, avec son circuit fermé, ses parois extrêmement épaisses, son climat artificialisé, est en négation avec son environnement. Et pourtant cet environnement peut faire effraction à l’intérieur de cette bulle utopique. C’est le cas lorsque des micro-météorites viennent abîmer des vaisseaux. Plus fines que des grains de sables, ces météorites sont impossibles à éviter car invisibles, mais leurs impacts sont redoutés. Plus anciennement en 1964, c’est la foudre qui frappa la fusée apollo 12 peu de temps après son décollage.
Ce fantasme de fermeture totale, autant dans la conception du living-pod, du vaisseau spatial ou comme métaphore du monde tel que certains voudraient nous le faire vivre aujourd’hui reste donc une utopie. Le corps et le vivant refont surface, indéterminés, imprévisibles, le circuit déraille, les accidents s’insinuent dans le réseau et le défont sans cesse.
Ces accidents peuvent être un astronaute qui déplace son lit car il ne supporte plus de dormir près de ses collègues, un autre qui accroche une photo de celui qu’il aime sur un mur et regrette en secret sa vie sur terre... Ce sont des corps suants et puants qui finissent par contaminer l’air du vaisseau et son fonctionnement, ce sont peut-être des micro-météorites qui créent une fuite d’oxygène sans qu’on puisse en trouver la source, et parfois ce sont aussi des sentiments incontrôlables qui s’introduisent dans le cœur des astronautes à leur insu, car le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Lisa Marie Nowak était la figure idéale de l’astronaute. Ancienne pilote et capitaine de la Navy, elle avait ensuite intégré la NASA puis décollé pour la première fois dans l’espace le 4 juillet 2006, jour de la fête nationale américaine. Depuis ses six ans elle était passionnée par l’histoire de la conquête spatiale, après avoir regardé les alunissages d’Apollo à la télévision.
Pendant sa mission de treize jours à bord du vaisseau spatial Discovery, elle est tombée follement amoureuse de son collègue astronaute William Anthony Oefelein. Découvrant plus tard qu’il entretenait une relation avec l’ingénieure de l’armée de l’air américaine Colleen Shipman, elle décide à son retour sur terre de traquer cette dernière.
Le lundi 5 février 2007, elle a conduit les 1400 km qui séparent Houston de l’aéroport d’Orlando pour intercepter l’ingénieure qui atterrissait là-bas d’un voyage en avion [26]. Elle portait pour sous-vêtements des couches pour adulte afin de ne pas avoir à faire de pause pendant sa route. Elle a poursuivi Collen Shipman dans l’aéroport équipée d’un fusil à air comprimé, d’un couteau, d’un spray de poivre incapacitant, de gants en caoutchouc, d’un maillet, de liens en plastique, et avait mis pour se camoufler une perruque noire et des lunettes de soleil, raison pour laquelle Colleen Shipman a remarqué sa présence. La suivant jusque dans le parking souterrain de l’aéroport, elle s’est ensuite introduite de force dans la voiture de l’ingénieure en la menaçant et la recouvrant de gaz lacrymogène. Mais celle-ci réussit à prendre la fuite et appeler la police.
Libérée contre une caution de 25 000 dollars, l’astronaute condamnée pour tentative de meurtre s’en est sortie avec le port obligatoire d’un bracelet électronique et l’interdiction de s’approcher de Collen Shipman. Ce fut la première astronaute qui fut limogée par la NASA, suivie ensuite par William Anthony Oefelein quelques mois plus tard.
On a retrouvé dans sa voiture des lettres d’amour adressée à William Anthony Oefelein, ainsi qu’un disque dur contenant des photographies de scènes de bondage [27].
Même l’astronaute échoue à devenir machine, il ne peut se réduire à une pure et simple force de travail. Instruments défectueux, les astronautes s’effondrent lorsqu’ils sortent de leur vaisseau sur terre, car l’apesanteur et les radiations détruisent leur sang, leur chair, leurs os. Leurs corps s’’échappent, s’autodétruisent, leurs corps salissent et aiment. La boucle s’ouvre, le chaos s’installe dans le réseau, les accidents surviennent.
La logique circulaire du vaisseau explose.
Épilogue
En 1987 débute le chantier de construction de Biosphère II dans le désert de l’Arizona. Porté par un groupe d’amis issus du mouvement hippie, Biosphère II est un vaste dôme de métal et de verre censé reproduire un système écologique artificiel clos. Un des objectifs de cette structure est de tester ce que pourraient être les futurs habitats martiens. Dans l’univers clos du dôme ont été reproduits une forêt tropicale, un marécage, un océan ainsi qu’introduits les différents animaux et insectes habitant ces milieux, qui cohabitaient avec un espace réservé à l’agriculture ainsi que des appartements privés pour les habitants.
Les habitants de Biosphère II devaient vivre dans cette structure en autarcie totale, et leur expérience fut fortement médiatisée. Le dôme fut occupé sur deux périodes.
La première débute en 1991 et dure deux ans. D’abord prometteuse, l’expérience se révèle après quelques mois chaotique. Le niveau d’oxygène présent dans la biosphère diminue tellement que les habitants ne peuvent plus marcher quelques pas sans s’effondrer. Leurs rapports se tendent, les disputes se multiplient. Les bactéries se propagent démesurément à l’intérieur de l’espace fermé de la biosphère, pourrissant le sol et l’air. De nombreux animaux meurent à cause de cet air vicié, tandis que la forêt tropicale s’étend. Les cafards et les nuisibles se multiplient, envahissant les espaces privés des habitants. Pour sauver la mission il fut nécessaire d’introduire de l’oxygène extérieur à l’atmosphère de Biosphère II, rendant son autonomie seulement théorique.
La deuxième occupation de Biosphère II débute en 1994 pour une durée de 10 mois. L’expérience s’effondre après que deux des sept habitants décident le 4 avril à 3 heures du matin de saboter Biosphère II en détruisant une de ses parois et de s’enfuir dans le désert de l’Arizona [28], quittant pour toujours la solitude du dôme de verre et d’acier et son atmosphère viciée.
[1] Romain Thomas (2021), « Ces fonds qui misent sur la conquête de l’espace », Le Monde, 6 Avril :
Ces fonds qui misent sur la conquête de l’espace (lemonde.fr)
[2] Sylvia Federici, Par-delà les frontières du corps, Editions Divergences, Paris, 2020.
[3] Haytham el Wardany, The Book of sleeps, Editions Seagull Books London Ltd, Londres, 2020.
[4] Sylvia Federici, opuscit, page 122.
[5] Sylvia Federici, ibidem, page 124.
[6] Simon Dubé, Dave Anctil, Judith Lapierre, Lisa Giaccari, Maria Santaguide (2021), « Sex in space : time to talk about it ? » Earth Sky, 7 septembre.
[7] The Pornhub Team, 2015, « Sexploration », Indiegogo.
[8] Sylvia Federici, op.cit, page 124.
[9] Sylvia Federici, op.cit, 127.
[10] Danielle B.Wagner (2017), « LDS Astronaut’s shares what it’s like taking the sacrament in space », LDS Living, 7 juillet, (traduction personnelle).
LDS Astronaut Shares What It’s Like Taking the Sacrament in Space - LDS Living
[11] Jill Gasparina, Christophe Kihm, Anne-Lyse Renon, Comment quitter la terre ? Édition HEAD-Publishing dans la collection Manifestes, Genève, 2020, p. 16.
[12] Jill Gasparina, Christophe Kihm, Anne-Lyse Renon, Ibidem, p. 19.
[13] Sandra Häuplik-Meusburger, Architecture for Astronauts, An Activity-based Approach, Eéditions Springer, Wien NewYork, Allemagne, 2011, p. 102
[14] Sandra Häuplik-Meusburger, ibidem page 99.
[15] Sandra Häuplik-Meusburger, op.cit p. 101.
[16] Sandra Häuplik-Meusburger, op.cit p. 116.
[17] Jill Gasparina, Christophe Kihm, Anne-Lyse Renon, op.cit, page 33.
[18] Lydia Kallipoliti, The architecture of closed worlds, Lars Müller Publishers, Zürich, 2018.
[19] Sarah Bourgade (2021), « Des animaux dans l’espace : un nouveau domaine d’expériences depuis 1950 », Académie de Clermont-Ferrand, 8 décembre.
Des animaux dans l’espace : un nouveau domaine d’expériences depuis 1950 (ac-clermont.fr)
[20] Sandra Häuplik-Meusburger, op.cit, p. 18.
[21] Sandra Häuplik-Meusburger, op.cit. p. 116.
[22] B.J Bluth, Martha Helpie, Soviet Space Stations as analogs, 2nd, édité par la NASA en 1986 à Washington, p. 43.
[23] Sandra Häuplik-Meusburger, op.cit, page 143.
[24] Jerry Linenger, Off the planet, surviving five perilous months aboard the space station MIR, Editions McGraw-Hill, USA, 2000, p. 183.
[25] Lebedev Valentin, Diary of a cosmonaut – 211 days in Spaces, United States and Canada : Bantam Air & Spaces Series, volume 4, Virginie, 1990, p. 135.
[26] Corine Lesnes (2007), « Une astronaute de la NASA accusée d’avoir voulu tuer une rivale », Le Monde, 7 Février.
Une astronaute de la NASA accusée d’avoir voulu tuer une rivale (lemonde.fr)
[27] Assiociated press (2007), « Disk with bondage photos found in Nowak’s car », CTV News, 10 Avril.
[28] Christophe Alix (2009), « Mal de l’air dans la biosphère », Libération, 14 août :
28 juin 2022
« Le devenir est toujours d’un autre ordre que celui de la filiation. Il est de l’alliance. »
Comment sortir de l’espace-temps linéaire du travail ?