Illustration : Détail d’une illustration de PoïPoï pour la couverture du livre "Fantasmâlgories" de Klaus Theweleit.

Trou Noir 5 : Pulsions fascistes

Dans les temps troublés que nous traversons, la question du fascisme revient en force et nous devons être partie prenante du renouveau de l’antifascisme. D’une part, l’actualité politique française nous convoque devant une situation inédite, le primat du « ni gauche ni droite » de la politique macroniste laisse place à une union concrète et symbolique assumée des droites. Le temps de la « clarification » voulue par Emmanuel Macron en dissolvant l’Assemblée nationale est bien arrivé en dépit de toutes les objections que la gauche pourrait lui faire sur son manque de démocratisme. Mais d’autre part, le fascisme comme nous le percevons aujourd’hui n’est pas nouveau, il agissait au contraire en tant que potentiel et est simplement en train de trouver une forme historique, il a bien été « clarifié ». On a aussi vu des milices partir à la chasse aux arabes, aux pédés, aux trans, aux gauchistes, etc., des politiciens et des éditorialistes préparer le terrain idéologique à ces ratonnades, les institutions judiciaires condamner les opposants anti-guerre en Palestine, et des homonationalistes tenter de prendre leur part de fascisme.

L’enjeu de ce prochain numéro est d’analyser ce potentiel fasciste par ses nouages genrés, sexuels, libidinaux – ce que l’article de Robyn Marasco « Reconsidérer les politiques sexuelles du fascisme » avait brillamment fait en remarquant que les manières de mobiliser les femmes dans le fascisme états-unien avait profondément changé d’un siècle à l’autre. Et que la reconnaissance de ces changements est cruciale pour sortir de la vision du fascisme comme d’un rapport nostalgique et autoritaire aux traditions du passé. Le fascisme aussi se modernise. Il s’agira également de lutter contre le réflexe libéral de croire que le fasciste c’est toujours l’autre et jamais soi. Si, comme l’écrit Freud, nous avons tous « la haine, l’horreur et le désir de détruire », qu’en est-il de nos propres attachements aux représentations du mal ?

Très concrètement qu’est-ce qui pousse (pulsion) des personnes à adhérer au fascisme non seulement pour s’y soumettre mais aussi pour prolonger sa violence ? Et comment ? En quoi est-il désirable et à quelles questions cherche t-il à répondre ? Car tout se passe comme si le fascisme formait la promesse de répondre à des attentes, des douleurs, des frustrations, des angoisses et… des désirs.

L’idée serait d’aller autant explorer les fascismes passés qu’actuels, en Europe, aux Amériques, en Asie, mais aussi dans les (ex-)colonies. Et de remettre en jeu le fascisme sous ses formes historiques et transhistoriques.

Comment les textes seront sélectionnés ?
Cet appel est à destination hybride, c’est-à-dire qu’une partie des textes finaux proviendra de cet appel public et une autre partie proviendra de commandes passées directement auprès d’auteur⸱ices.
Concernant cet appel à contribution, la petite équipe de Trou Noir sélectionnera entre deux et quatre textes parmi toutes les propositions, tout dépendra de ce que nous recevrons mais nous vous tiendrons informé⸱es avant la fin du mois de novembre.

En résumé :

• Rendu des notes d’intention (1 page max) : 04 novembre
• Rendu final du texte (entre 20 000 et 30 000 signes) : 30 juin
• Les contributions seront rémunérées.
• à l’adresse mail suivante : trounoirfascisme@proton.me

Ce numéro est coordonné par Mickaël Tempête.