Cette intervention de Quentin Dubois a été prononcée dans le cadre du symposium autour de l’actualité de la pensée de Félix Guattari qui eut lieu à Paris VIII les 20, 21 et 22 octobre 2022. Elle s’intitulait : « Hocquenghem et Guattari : revitaliser la théorie queer par la bande ». Nous avons voulu en conserver la forme et les nécessaires imprécisions qu’une courte intervention implique.
Il faut appliquer le doute à la civilisation, douter de sa nécessité, de son excellence, et de sa permanence. Ce sont là des problèmes que les philosophes n’osent pas se proposer, parce qu’en suspectant la civilisation, ils feraient planer le soupçon de nullité sur leurs théories qui toutes se rattachent à la civilisation, et qui tomberaient avec elle du moment où l’on trouverait un meilleur ordre social pour la remplacer.
C. Fourier, Théorie des Quatre Mouvements
UN DÉBAT MAL POSÉ
Cette intervention s’inscrit dans un débat contemporain de la théorie queer dont, soulignons-le, les coordonnées sont peu connues en France – cette quasi-absence étant due, sans grande surprise, à l’obsession française de ne pas traduire, mais aussi à l’arrogance philosophique de ne pas se salir les mains avec ce genre de théorie. Et puis, ces coordonnées, lorsqu’elles inaugurent le débat, sont mal posées. Et le débat de tourner en rond, de s’épuiser. Ce débat désordonné est celui entre d’une part l’idéalisme queer, revendiqué dans ces termes par José Esteban Muñoz dans son ouvrage Cruising Utopia : the Then and There of Queer Futurity paru en 2009 et traduit en français en 2021, et d’autre part ce que je nommerai plus avant le queer anal – qualifié fréquemment d’antisocial ou antirelationnal thesis – qui a pour auteurs Guy Hocquenghem, Michel Foucault (dans « De l’amitié comme mode de vie »), Leo Bersani et Lee Edelman. La théorie queer dite antirelationnelle ou antisociale affirme à partir d’une négativité qui serait inhérente à l’homosexualité le point de rupture avec le champ social. Ce premier geste de Hocquenghem a été prolongé par Lee Edelman dans No future : Queer Theory and the Death Drive (2004) et son analyse de ce qu’il nomme le futurisme reproductif – structurant la temporalité civilisationnelle : il y établit le queer comme une résistance à toute stabilité, à tout geste fondationnel, à tout principe organisateur des relations communautaires – y entendre hétérosexuelles. Tout autre est la démarche de José Esteban Muñoz qui affirme, à partir de l’héritage du philosophe Ernst Bloch, la nécessité d’un idéalisme queer comme geste unique d’une sortie du présent stérile et sclérosé – nommé présent straight à la suite des travaux de Jack Halberstam. Il s’agit pour Muñoz de réintroduire un après et ailleurs en opposition à l’ici et maintenant du présent, et donnant sa consistance à un advenir queer : ce sont les formes de relationalité des pratiques queer au sein des communautés qui anticipent le futur et qui se refusent à toute négativité inhérente. Je pose d’emblée ce cadre pour que nous puissions, dans le désordre des coordonnées, comprendre de quoi il en retourne et les opérations d’un retournement théorique – opérations anales ; s’il fallait encore en douter, et successives au geste de tourniquet de la perversion [1]
Voici qu’apparaît la contrainte de poser avec clarté et d’entrée de jeu la thèse de cette intervention – ce n’est guère dans mes habitudes… La thèse est donc celle-ci : le queer anal noue une critique sociale de la civilisation, un projet de destruction de la civilisation (les moi civilisés) et une production de nouvelles socialités collectives. Il s’ancre dans un présent monorythmé par le no alternative, dans les débris d’une praxis actuellement dévitalisée, qu’il s’agit de reprendre à partir de la conflictualité du social, conflictualité posée comme nécessaire. En ce sens, le queer anal constitue la reprise contemporaine des économies libidinales en ce qu’il charge, dans le présent, une praxis de produire une coupure subjective ou signifiante ; d’abord une critique de l’organisation sociale et des modes de subjectivité que cette organisation sociale suscite, puis la compromettre – la destruction des moi civilisés. Cette compromission je l’ai nommée ailleurs le contre-civilisationnel [2]. J’appuie sur la production de nouvelles subjectivités et donc de relations – telles que Paul B. Preciado les pense dans sa contra-sexualité – qu’un tel processus engage. Et c’est bien tout cela, cet ensemble dynamique d’opérations de destruction et de création, que je cherche à investir depuis quelques années : le vitalisme [3]. Et si cela sonne contre-intuitif, c’est parce qu’il est tout entier monstrueux.
LA VOLUTION DU DÉSIR HOMOSEXUEL
Je voudrais situer ce vitalisme anal à partir de deux mots d’ordre, l’un de Guy Hocquenghem du Désir homosexuel : « Le désir homosexuel est l’assassin des moi civilisés » et l’autre de Jean Genet dans Pompes funèbres : « J’encule le monde ! ». Rappelons la thèse – une des thèses du Désir homosexuel, ouvrage paru il y a 50 ans : partant d’une distinction entre homosexualité et désir homosexuel, soit d’une analité sociale et d’un usage désirant de l’anus, Hocquenghem analyse – Guattari et Deleuze s’en souviendront puisqu’ils reprendront cette analyse dans l’Anti-Œdipe, les deux ouvrages s’écrivant et se discutant en même temps – le détournement de l’énergie libidinale portant sur l’anus en vue de l’organisation du champ social sur le modèle des personnes privées, de l’individu. C’est l’analité sociale ou la sublimation : « Il n’y a plus de fonction sociale désirante de l’anus parce que toutes ses fonctions sont désormais excrémentielles, c’est-à-dire avant tout privées » [4]. Et il est vrai que c’est bien là l’enjeu du Roman familial des névrosés de Freud que de poser rôles nécessaires et rapports d’identité par Œdipe pour assurer la reproduction de la société.
Ainsi Hocquenghem donne une place primordiale à la menace que fait peser le désir homosexuel sur la reproduction œdipienne : le désir homosexuel est l’inengendrant-inengendré, la terreur des familles. Première clef d’un vitalisme en ce qu’il affirme une finitude face aux rêves d’éternité de la succession des générations qui sont le fondement de la civilisation. Partant de cette homosexualité qui s’affirme comme fin de race, ou achèvement d’un processus, Hocquenghem détermine le projet désirant comme destruction de la civilisation :
La civilisation constitue la grille d’interprétation par laquelle le désir se transforme en force de cohésion. (…) Le mouvement homosexuel est sauvage en ce qu’il n’est pas le signifiant de ce quelque chose d’autre que serait une nouvelle « organisation sociale », une nouvelle étape de l’humanité civilisée, mais la faille dans ce que Fourier appelle « le système de la fausseté des amours civilisées » : l’indication que la civilisation est le piège où se prend le désir. [5]
Ce queer anal implique une théorie de la libido animant et excitant une critique sociale de la civilisation. Cette économie libidinale, entendue à partir de la critique du régime réactif du désir, me paraît devoir être saisie par la pragmatique guattarienne ; nous autorisant à en dégager une orientation politique nouvelle. Guattari distingue une pragmatique générative ayant pour objet un agencement préexistant : il s’agit de desserrer par l’analyse les mécanismes aliénants dans les inter-actions entre les divers agencements de la civilisation capitaliste : « Son objectif sera uniquement de mettre à jour de nouveaux sens machiniques dans les situations où tout semblait joué d’avance », y entendre ce présent enkysté. Ce premier geste pragmatique vise donc à défaire l’analyse des systèmes de causalité ou des stades génétiques au profit de l’expérimentation, refusant par là-même toute gélification déterministe dans le passé. Le second geste est celui de la pragmatique transformationnelle ; il concerne les équipements collectifs de subjectivation : en somme, elle mène à la transformation des modalités de production subjective, elle est marquée par le sceau de l’imprévisible. Les voies de la pragmatique évitent d’une part de faire la civilisation une instance abstraite car elle donne l’assurance d’une compréhension matérialiste des champs sociaux historiques. Et d’autre part, la pragmatique évite de saisir le mouvement de destruction à partir du moi. C’est un queer non suicidaire mais visant au contraire la destruction des moi civilisés ; en somme un queer responsable dans sa situation et dans son projet, à mille lieux du portrait nihiliste dressé par les tenants de l’idéalisme queer. Cette pragmatique répond à une logique de la situation, qui vise à déceler et intensifier les coupures signifiantes : d’une part, par le diagnostic d’une impasse subjective, soit la relative impuissance politique du queer contemporain – disons : une énonciation aliénée –, et d’autre part l’affirmation du projet politique – la créativité ou foyer créatif sémiotique. Il s’agit de de maintenir la praxis dans son rapport créatif à l’histoire
LE VITALISME ANAL
Ainsi la tâche pragmatique – ou schizo-analytique – de destruction : nullement de « pieuses destructions » qui sont autant de manières de conserver [6] . Mais affirmer que la violence, prise dans le combat, n’est pas un culte de la mort ou un néant de volonté. Une théorie queer de la violence et de la destruction qui soit un vitalisme adossé à un fond matérialiste [7] ; car tout vitalisme coupé du fond matérialiste ne peut trouver comme autre site que le spiritualisme et la réintroduction d’une transcendance – un « qu’est-ce que la vie ? ». Dont pris acte la critique du vitalisme et du mécanisme de l’Anti-Œdipe.
Question : pourquoi nécessairement un vitalisme ? Le queer anal s’entend en réponse à l’entreprise de mort comme forme principale et spécifique du capitalisme – le capitalisme gore analysé par Sayak Valencia. Le geste de ce vitalisme se trouve dans Genet et plus particulièrement la lecture exceptionnelle qu’en a donnée Léo Bersani dans Homos en 1995, dans le chapitre « Hors-la-loi gay » : partant d’une remise en question du désir de respectabilité à partir de la compatibilité de l’homosexualité avec le civisme, Bersani analyse le rejet de la relationalité à l’œuvre dans Pompes funèbres de Genet. Prolongeant les analyses de Hocquenghem, l’anus y est saisi comme emblème anatomique de la stérilité (le gaspillage du sperme dans le rectum ou l’appareil digestif), l’absence d’un site reproducteur. Je cite Bersani : « L’anus produit la vie, le déchet est fécond, et à partir de la mort de nouveaux paysages émergent. » [8] Je souhaite prendre au sérieux cette proposition pour dégager avec Guattari les termes d’une pragmatique vitaliste ou d’un vitalisme pratique [9] qui refuse toute rédemption au profit de la menace qu’elle investit dans le présent. Cette intervention plaide pour un renouvellement de la menace au sein d’un vitalisme queer.
Le contre-civilisationnel a l’ambitieux projet d’une révolte – legeste victorieux de Genet – qui n’ait aucune sorte de rapport avec les lois, les catégories et les valeurs qu’elle conteste et qu’elle doit détruire. En ce sens, le contre-civilisationnel s’engage plus loin que la première théorie butlerienne : soit l’exposé des sites discursifs de l’homophobie par la citation des normes hétérosexuelles et la réinterprétation de certaines valeurs et institutions dans le sens d’une nouvelle contractualité solidaire – s’y retrouve là le projet de l’idéalisme queer de Muñoz, ou du moins de ses relectures féériques. Tout au contraire, le désir homosexuel en ce qu’il ne peut être représenté, excepté au travers d’opérations discursives – le nœud juridico-médical donnant l’homosexualité dans la seconde moitié du XIXème siècle –, « ne peut rien signifier de stable, consistant et cohérent » révélant ainsi « l’impossibilité de la signification comme telle » [10]. Précisons à nouveau qu’il ne s’agit pas de rejouer l’aporie adolescente entre le révolutionnaire et le réformisme, mais d’affirmer au contraire la totale indifférence au redéploiement de termes dominants pouvant être retournés contre la société dominante. C’est en ce sens que doit être détectée une coupure signifiante, non homogène à une représentation structurale, et porteuse de l’élément différenciant qui nous autorise à penser la transformation par le destructif – en somme : le révolutionnaire. A partir d’une trahison, celle de Genet, décelée admirablement par Bersani, il nous faut affirmer qu’il n’y a pas de loyauté ou de lien assuré envers aucun objet, aucun signifiant de la culture dominante ; mais que tous les objets sont disponibles pour de nouvelles relations – la fameuse « thèse antirelationnelle » est bien ouverture radicale. Car c’est bien le rejet de la relationnalité qui assure que la (ré)volution ne soit pas simple révolte, qu’elle ne soit pas condamnée à reproduire les conditions oppressives qui l’ont provoquée. Je cite Léo Bersani : « Mais rien ne peut changer dans ce monde – ou plutôt (et ceci, il faut le reconnaître, est un pari incertain sur l’avenir), entre l’oppression d’aujourd’hui et la liberté à venir, il doit peut-être y avoir une rupture radicale avec le social lui-même. » [11]
Toute idée de perfectibilité [12] de la civilisation signe le piège dans lequel cette dernière est prise ; la perfectibilité de la civilisation en ce que ce concept même de perfectibilité est gâté – l’amélioration du défectueux à partir d’un point local – qui ne repose que sur un futur effondré. Face à la critique de l’idéalisme queer du contre-civilisationnel comme « ici et maintenant », il faut dans la protestation reprendre le mot d’ordre de l’après-Mai de Hocquenghem dans Tout n°2 (1970) : « Faites-le maintenant ! » dont l’accent porte ici sur la praxis inhérente ; et comment ce faire doit s’élaborer dans l’ici et maintenant sur le mode groupal. Demander la fin des rôles genrés, de la différence sexuelle, etc. – et c’est bien là une demande aux institutions civilisées –, c’est ici le ratage évident que cette disparition doit passer par la destruction de la civilisation ou du système des amours civilisées – le fameux Ordre subversif de Fourier comme nous le rappelle Schérer –, affirmer que toute cette chose queer se disséminera lentement dans le champ social et désirant jusqu’à ce que la queerness advienne – une sorte de totalité chez Muñoz ; voilà un nouveau nom, pas seulement pour le réformisme, voilà de nouveaux habits pour ceux sans ambition ou déjà morts au-dedans. Citons à nouveau Hocquenghem dans L’Après-Mai des Faunes et qui n’est pas sans rappeler le beau cri de Mario Mieli dans la Gaie critique (« Les vrais révolutionnaires, cessant d’être politiciens, deviendront des amants ») :
On sera poètes, militant, musiciens, érotiques, assoiffés de savoir ce qu’est le monde pour le transformer, destructeurs de l’ancien pour promouvoir le nouveau. Notre nouvelle attitude pour retrouver la vie tient aussi à ce qu’on veut savoir dès aujourd’hui ce qu’on prétend construire. On veut montrer que la destruction porte en elle la construction ; mais pas toute seule : qu’on s’y exerce. (…) On sait que, dès à présent, les groupes que l’on forme (et pas de fausse honte, hein ! sachons comme on vit) doivent se fixer comme but, non de ramener les conflits à nos rapports interpersonnels, mais d’élever les contradictions pour les transformer en instruments de lutte contre l’extérieur. [13]
Je propose d’entendre le désir homosexuel destructeur des moi civilisés comme une groupalisation plutôt qu’une massification du J’encule le monde de Genet, évitant toute conception égologique du désir inconscient. Pour le dire autrement : la groupalisation fait passer le J’encule le monde, cri d’un traître solitaire, à l’énonciation politique, le passage d’un anus clamantis in deserto à l’usage désirant collectif de l’anus. Le groupe-sujet homosexuel, engagé dans un périple machinique plutôt que structural, où insiste la coupure plutôt que la suture, s’engage dans des volutions :
Nous ne ferons plus en Ré, les lauriers sont coupés. Récapitule, ressentiment, remâche, répète – certains ont bien baptisé mai une « répétition générale ». Il n’y a pas de Ré-volution, nous ne voulons plus partager les préfixes qui amarrent l’envol des vouloirs, leurs épanchements corrodant les pouvoirs. Surtout quand ces préfixes nous redonnent leur maladie du passé : la tradition du mouvement ouvrier, leur bête idée du changement ; on en prend d’autres et on recommence la civilisation – la civilisation qu’on veut justement oublier. [14]
Entendons clairement : il ne s’agit pas ici de produire un Dark Guattari – tout au plus tout au moins d’en faire un homosexuel mineur pour de bon – mais de soutenir que le vitalisme ne doit pas être marqué par le refus de la négativité – au risque de devenir affirmation pure si pas dénégation. Faisant se loger la puissance au cœur de sa dissidence et refusant ce qui constitue une solution élégante à l’attachement mélancolique à l’échec et à l’impuissance qui caractérise l’idéalisme queer, la théorie contre-civilisationnelle (ou économie libid’anale) cherche une nouvelle respiration puissante. Le contre-civilisationnel porte sa critique sur un nihilisme pulsionnel entendu à partir du pessimisme freudien. Il n’est pas dans ce geste moderne de la crise – ou peut-être le prend-il par la bande : le contre-civilisationnel, au lieu de poser le Malaise dans la civilisation, soit le discours de la crise triste, vise la libération des flux. Face à toute transcendance du tragique historique, il y a affirmation de la finitude : face aux institutions civilisées en apparence immortelles, le groupe sujet homosexuel menaçant « sait que la civilisation est mortelle, elle seule » [15]. Il refuse de concevoir toute philosophie du désir comme un spontanéisme béat qui serait adossé à l’hypothèse répressive [16] ni même un processus d’auto-abolition qui réaliserait le nihilisme, mais au contraire il s’entend à partir d’une puissance à introduire du mouvement dans l’histoire et à y créer du nouveau, puissance d’hétérogenèse. Ou encore, dans ce geste quasi sadien : détruire pour créer, nullement pour conserver. C’est là éviter le fantasme de toute puissance et d’immortalité, mais aussi éviter que le vitalisme soit spirituralisme, y entendre une force vitale essentialisée. L’anus comme ānus, à la fois cet étrange fondement qui (se) défait [17] et anneau – ouverture et relation, serment qui se noue dans le moment d’un complot désirant ; et son mode groupal qu’est l’an(n)ulaire se découvre ainsi dans la transformation qu’il peut provoquer, sa mission disons-le, dans la quotidienneté et dans l’espace civilisationnel dominés par les économies de mort.
Ce sont là les esquisses d’une théorie queer vitaliste.
[1] La perversion vient faire jouer sur le plan politique la réponse mineure au the lady’s not for turning d’une part comme une contrainte au retournement et d’autre part comme un sabotage de la stabilité.
[2] Voir le texte : http://trounoir.org/?Exorde-civilisationnelle-l-ici-et-maintenant-contre-l-advenir-queer-Munozet
[3] Par exemple ici : https://trounoir.org/?Homosexualite-et-civilisation-perspectives-vitalistes-a-partir-de-l-anus
[4] G. Hocquenghem, Le désir homosexuel, Paris, Delarge, 1972, p. 61.
[5] Ibid., p. 106.
[6] « Détruire, détruire : la tâche de la schizo-analyse passe par la destruction, tout un nettoyage, tout un curetage de l’inconscient. Détruire Œdipe, l’illusion du moi, le fantoche du surmoi, la culpabilité, la loi, la castration... Il ne s’agit pas de pieuses destructions, telles que la psychanalyse en opère sous la bienveillante neutralité de l’analyste. Car ce sont des destructions à la Hegel, des manières de conserver. Comment la fameuse neutralité ne ferait-elle pas rire ? » (Gilles Deleuze et Félix Guattari, L’Anti-Œdipe, Minuit, 1972, p. 371.)
[7] Et lorsque je parle de matérialisme, il ne faut aucunement y entendre les coordonnées modernistes du féminisme matérialiste français – le cortège conceptuel dix-neuvième siècle type le Pouvoir, la Domination,… qui ne peut que louper l’analyse des modes de subjectivation contemporains. Les tentatives actuelles de noces entre le féminisme matérialiste et « le » queer participent d’une mécompréhension de ce qu’est le matérialisme – ces tentatives partent du postulat qu’il manquerait un quelque chose à la théorie queer.
[8] Leo Bersani, Homos, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 203.
[9] La saisie différentielle de ces deux vitalismes est à prolonger. Je pense ici aux notes d’Eric Alliez concernant l’ouvrage de Philipp Goodchild Deleuze & Guattari. An introduction to the Politics of Desire.
[10] Issu de la préface de David Halperin à l’ouvrage de Lee Edelman.
[11] Leo Bersani, op. cit., p. 200.
[12] Je pense ici aux analyses de Fourier de la perfectibilité au cœur des théories des Lumières, les inscrivant dans le projet civilisationnel.
[13] G. Hocquenghem, L’après-Mai des Faunes, p. 80-81. Je souligne.
[14] Ibid., p. 19.
[15] G. Hocquenghem, Le désir homosexuel, op. cit., p. 117
[16] L’analyse de l’hypothèse répressive se trouve chez M. Foucault et son premier tome de l’Histoire de la sexualité. Ainsi Hocquenghem mais aussi les freudo-marxismes (Reich et Marcuse) postuleraient une répression progressive du sexe à partir du XVIIème siècle et concomitante au capitalisme. Selon l’analyse foucaldienne, tout au contraire a lieu une véritable explosion discursive a lieu autour du sexe. Il faut au contraire analyser les effets de pouvoir induits par ce qu’on dit du sexe : une analyse de la mise en discours du sexe.
[17] Je renvoie à mon texte « La défaite homosexuelle »
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