TROU NOIR

Voyage dans la dissidence sexuelle

Français | English

ESPRIT DU 8 MARS

Nous étions à Rennes pour la journée du 8 mars, pour la journée internationale des droits des femmes. Depuis deux ans, cette journée prend un tour plus offensif, plus politique. Le mouvement de masse de libération des mots, des langues et de la parole Me too a permis de donner un puissant écho aux féminismes.
« Toutes ensemble », ici, ne signifie pas nier les différences ou arrondir les désaccords.
Et en effet, ce grand moment collectif est original pour deux raisons :
D’une part, il transcende les catégories.
la Révolution (destituer les normes, destituer l’État),
se battre pour ses idées (faire reculer l’étrangeté et l’impartageable),
l’intelligence collective (stratégie et communication des luttes),
la détermination face à la police (tactiques et pratiques de rue),
n’appartiennent pas aux hommes jeunes du cortège de tête, mais à toutes : riche, juvénile, noire, vieille, française, pauvre ou racisée. Il y a de la plèbe dans toutes les classes, un esprit de révolte dans toutes les catégories.
D’autre part, l’originalité de l’évènement tient à comment chacune est venue. À sa présence.
Ce n’est ni une manifestation où l’on proteste avec les pieds, ni une manifestation-prétexte pour espérer allumer une quelconque mèche. Pour ce rassemblement, seule ou en groupe, chacune s’est organisée pour préparer quelque chose avec des intentions et une réflexion sur ce qui allait se dérouler là.
Et le résultat est à la hauteur.
Chacune se laisse toucher au-delà d’elle-même, se laisse traverser par celles qui l’entourent, se laisse aller à des idées qui ne sont d’ordinaire pas les siennes.

« ELLE EST À NOUS »

CLARA ET SES AMIES

Clara : moi je m’appelle Clara. J’ai 21 ans, je suis étudiante. Et je trouve que c’est important d’être là parce qu’on se bat à la fois pour nos droits, pour l’égalité, mais aussi pour contrer les violences sexistes et sexuelles parce qu’on a toutes de près ou de loin un lien avec ces violences-là. Je trouve que c’est important de se bouger malgré la pluie pour montrer que l’on est là et qu’on se battra jusqu’au bout.
Manon : moi c’est Manon. J’ai 20 ans. Et je suis étudiante comme Clara. Et je pense que oui, c’est important de venir ici et de marcher avec tout le monde pour pouvoir montrer que l’on va se battre et que l’on a besoin d’égalité.
Lucile : Moi c’est Lucile, j’ai 20 ans. Je suis étudiante également. Je trouve ça important de venir ici aujourd’hui en fait et de se rendre compte qu’il y a des femmes et aussi des hommes et je trouve ça important qu’il y ait les deux sexes qui soient présents pour cette marche. Pour montrer que l’égalité est nécessaire et qu’à un moment il faut se bouger.
Gaëlle : moi je m’appelle Gaëlle, j’ai 21 ans et je trouve que c’est important de montrer que l’on est là tous ensemble pour se mobiliser pour la même cause et essayer de faire bouger les choses.
Marie : je m’appelle Marie, j’ai 21 ans, étudiante aussi. Je trouve que l’on a la chance là de toutes recevoir une éducation et en fait c’est pour représenter les femmes qui n’ont pas cette chance et qui n’ont pas le droit de manifester aujourd’hui. Autant être là nombreuses et nombreux et montrer que tout est possible.
Élodie : il n’y a plus grand-chose a dire. Eh bien du coup je m’appelle Élodie, j’ai 20 ans. Comme l’ont déjà dit les filles, c’est important que l’on soit là pour se battre pour nos droits et pour les femmes qui n’ont pas forcément la chance de se battre pour les leurs.

RENNES EN COMMUN

Élisabeth : moi c’est Élisabeth. Je suis candidate pour les municipales sur la liste rennes en commun et on a notre tête de liste qui est là. Donc on est là pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
Enora : bonjour moi c’est Enora le Pape en effet je suis tête de liste de Rennes en Commun. Pourquoi nous sommes là ? Et bien déjà parce que...
Alice : on est des femmes.
Enora : oui et bien voilà, il y a encore énormément de choses à faire pour qu’il y ait cette égalité femme-homme : premièrement on est aussi contre le projet de réforme des retraites de Mr Macron qui va encore plus précariser les femmes. Mais aussi, il faut mettre le paquet contre la violence faite aux femmes. Notamment avec des centres ouverts, donc c’est ce que nous voulons mettre aussi sur la municipalité pour que chaque femme puisse avoir un endroit où on l’écoute, où elle puisse se réfugier, etc. Et aussi il faut penser à tout ce qui est égalité des salaires et nous, nous serons une municipalité exemplaire là-dessus. Nous travaillerons avec nos collaborateurs et collaboratrices au sein de la municipalité pour qu’il y ait une véritable égalité femme-homme au sein de la municipalité.
Alice : et on peut rajouter que l’on est là aussi pour danser, pour chanter ensemble et solidaire avec toutes les femmes parce que l’on est des femmes, mais avec les hommes qui soutiennent les femmes aussi parce que c’est important et on ne fera jamais sans eux. Et voilà, nous là on va chanter la flash mob "à cause de Macron" avec les filles d’Attac. Voilà et moi je suis Alice.
Laure : je suis Laure, troisième de liste de la liste Rennes en commun. Je suis sur la liste parce que citoyenne engagée c’est mon premier engagement politique et je suis super fière de faire ce 8 mars aujourd’hui avec la liste, les femmes, les hommes, tous les rennais et les rennaises, c’est cool.

VIRGINIE DESPENTES

"Une vision du monde, un choix. Il ne s’agit pas d’opposer les petits avantages des femmes aux petits acquis des hommes, mais bien de tout foutre en l’air."

DANCEFLOOR & ANONYMAT

On n’est pas en collectif, c’est une action plutôt autonome. Une réunion de meufs plutôt au début dans le champ des arts visuels, mais c’est pas important. Et on avait envie, on s’était pas mal posé la question de la danse dans les moments de luttes, de mouvements, de contre-pouvoir aussi bien de manière perso ou amicale, aussi avec les filles de la Maison de la Grève qui ont une sono pour les manifs et on s’est dit que ce serait chouette de faire un dancefloor pour le 8 mars. Et on a collecté pendant trois semaines en amont, en mixité choisie, on a demandé aux gens c’était quoi le morceau qui leur donnait le plus de courage. Voilà donc on a fait une rosse playlist collaborative, là il y en a une petite partie, il y a deux cents morceaux qui sont disponibles sur YouTube, il y a une playlist YouTube. Et le workshop d’hier c’est associé a cette question du corps, de la femme, des minorités sexuelles dans la rue, le droit aussi à l’anonymat, le droit à se recouvrir pour des questions religieuses ou politiques allant des femmes voilées jusqu’aux émeutières. Puisque c’est des sujets qui sont peu abordés aussi, la question de la violence féminine, du droit à la violence manifeste dans l’espace public. Voilà on a vu aussi avec le mouvement des gilets jaunes, il y a vachement de femmes. C’est nouveau en fait. Même dans les mouvements qui sont assez violents. Donc c’était s’interroger là-dessus et être dans cette idée entre un geste de fête qui est celui de se parer et un geste de lutte qui est celui d’avoir une armure. C’est la question de la lutte parce que c’est pas une promenade du dimanche aujourd’hui, c’est quand même une lutte. Mais qu’elle soit désirable, qu’elle soit festive, qu’elle soit joyeuse. On ne veut pas un truc mortifère. Que ce soit bien clair.

ON SE LÈVE ET ON SE CASSE

Alors il y a marqué : "on se lève et on se casse" c’est bien sûr une référence au texte de Despentes sorti sur Libé il y a une semaine maintenant et je pense que c’est en train de devenir une espèce de slogan qui peut à la fois parler aux féministes, mais aussi comme l’a fait Despentes parler aux gilets jaunes, parler a tous les gens qui sont dans la rue depuis déjà plus d’un an ou depuis le 5 décembre.

LA MOBILISATION NE S’ARRÊTE PAS LÀ

Moi je suis étudiante en sociologie et je travaille avec les enfants, je trouve que c’est important d’être ici parce que c’est une grosse journée en termes de lutte féministe. Après, j’ai toujours un peu du mal avec ce truc-là parce que ça fait un peu LA date de l’année féministe et après tout le monde remballe. Mais bon tant qu’il y a d’autres choses qui se produisent à côté, c’est le plus important, je pense. Voilà.

Moi je suis un peu dans la même optique que ma pote. J’appréhende toujours un peu parce que j’ai l’impression que c’est le gros jour ou l’on concentre tout et qu’après il ne se passera plus grand-chose et qu’on oubliera un peu le truc. Et une fois que le truc des Césars sera retombé, j’ai l’impression que ça va retomber dans l’oubli. Et j’ai un peu du mal avec le fait qu’il y a un parcours défini et que là pour l’instant c’est open bar pour aller dans le centre et que là on va faire un vieux tour syndical prévu. Mais je me dis que c’est l’occaz de capter plein, plein de gens et le fait de voir qu’il y a du monde c’est quand même assez cool. Ça veut dire que mine de rien les gens se bougent quand il y a des dates importantes même si c’est un dimanche et même s’il flotte. J’espère que les vraies questions seront abordées comme le système hétérosexuel pointé du doigt et ça c’est quand même toujours le dernier rempart un peu compliqué à abattre. J’espère que ce sera l’amorce pour ça cette année. Belle année 2020

« AUSSI GRANDE QUE MA GUEULE »

POUR LES FEMMES D’AILLEURS

Françoise : bonjour. Moi je suis venu pour les femmes. Je suis venue pour Amnesty International parce qu’il y a effectivement des femmes d’Arabie Saoudite qui souffrent de leur statut de femmes actuellement et que l’on veut soutenir et je suis venu aussi pour chanter parce qu’il y a un groupe de femmes qui chante, voilà pour tout ça, malgré le mauvais temps.

Moi je suis venue pour les femmes, je chante également avec des femmes. Je suis contente de participer à cette journée internationale pour le droit des femmes.

ACT AND REACT

Élise : alors moi c’est Élise. Pourquoi je suis là aujourd’hui ? J’ai envie de te dire, moi, pour...il y a trop de choses à dire. J’ai envie de dire : pour la liberté de l’expression, pour être visible en fait et dire, que par exemple, vas-y qu’ils mettent leurs couilles sur la table, on se lève, on se casse, on gueule, on vous emmerde pour dire act and react. Tu as le droit de prendre de décision et d’avoir des émotions c’est pas incompatible. Et puis, on est là toutes parce que, sans faire de généralisation, on a toutes vécu des violences à un moment donné qui sont liées au patriarcat. Et c’est un jour ou ensemble on peut montrer que l’on est une masse en fait et que l’on compte. Pleins de raisons. Moi je fais ça pour mon émancipation, ma liberté, mon expression.

ÉGALITÉ ENTRE LES GENRES

On est là pour l’égalité entre les genres, l’égalité parfaite, en fait et plus juste dire que le féminisme c’est se battre pour écraser les mecs, mais juste faire en sorte que l’on soit tous à égalité.

Du coup, que l’on soit comme eux ?

Ah non pas comme eux, à égalité, vraiment. Ça suffit qu’ils ne prennent pas conscience de ce qui se passe et que ce soit encore à nous de prendre encore en charge le fait que l’on doive se battre pour l’égalité et qu’eux ne le prennent pas en charge. Qu’est-ce qu’ils ont eux dans leur comportement qui font cette domination ? C’est le moment là.

TÉMOIGNAGE

Flavie : bonjour moi je m’appelle Flavie j’ai été victime de début de viol et de harcèlement sexuel, moral et d’agression physique. L’association PARLER est une association de victimes ouverte aux hommes et aux femmes qui ont subi des agressions physiques et sexuelles qui se trouve sur internet et dans plusieurs villes de France. 3919 est une bonne association aussi qui permet d’être dirigé au niveau juridique et d’avoir un soutien psychologique pour toutes les démarches. Il y a également SOS victimes qui permet également d’avoir un soutien juridique qui est très bien également. Il faut continuer de se battre, il faut continuer d’y croire. Les pourris en prison. Victime devant, debout. Moi je suis victime, je suis debout même si c’est dur, je me fais entourer de femmes et c’est important. Et les machos pas de quartier.

LA VRAIE ÉGALITÉ

La vraie égalité.

Ça veut dire quoi la vraie égalité ?

La vraie égalité ? L’égalité des salaires, l’égalité de traitement, la fin des violences faites aux femmes. Il y a plein de raisons d’être ici aujourd’hui.

De réaffirmer le droit des femmes qui sont des êtres humains à part entière. On sait même qu’elles ont une âme depuis quelques dizaines d’années.

MUSIQUE KURDE

LOI AVIA

Cette année il y a la loi Avia qui est passée et qui pénalise les prostitués alors que jusque là, seulement les clients des prostitués étaient pénalisés et qui pénalise les prostitués à trois fois plus que la pénalisation des clients. C’est un énorme problème en termes de précarité pour les personnes TDS de France . Depuis la loi SESTA et FOSTA aux États-Unis c’est une grosse galère. Beaucoup de TDS qui jusque là travaillaient sur internet doivent descendre dans la rue. C’est beaucoup de personnes trans, c’est beaucoup de personnes qui sont très précaires, beaucoup de personnes racisées, beaucoup de personnes qui ne parlent pas forcément la langue . Abolir la prostitution en France c’est oublier une réalité et mettre en danger des milliers de femmes.

DISCRIMINATIONS

Eh bien je voulais juste dire qu’aujourd’hui, des fois, on pense que les anciennes discriminations, entre guillemets, ont un peu disparu, que le monde est plus ouvert, et en fait, ce n’est pas du tout le cas. Il y a encore beaucoup de personnes qui souffrent. Toujours les mêmes oppressions, toujours le sexisme, toujours l’homophobie, toujours la transphobie, toujours la misogynie et toujours le racisme. Et ça ne bouge pas. Et nous, on veut que ça bouge et c’est pour ça qu’on est là aujourd’hui !

PAS DE JUSTICE, PAS DE PAIX

Je suis une femme. Si je suis là aujourd’hui en tant qu’une maman, en tant que mère, c’est pour ça que je suis là, pour cette manifestation sur le droit des femmes. Si je suis là, je milite aussi en tant que sœur de Babacar Gueye qui a été assassiné au quartier Maurepas à Rennes le 3 décembre 2015. Je suis là avec le collectif justice vérité pour Babacar. On lutte ensemble. Ce n’est pas facile parce qu’on est nombreux en tant que familles victimes, on est plusieurs femmes qui luttent contre les violences policières, contre le racisme d’État. Je suis là en tant que femme noire, de lutter depuis 2015. Mon frère a été assassiné parce qu’il est noir. Et c’est un racisme d’état. L’État français est raciste. Les maniaques qui ont assassiné mon frère ce n’est pas normal. Parce qu’une personne qui fait une crise d’angoisse mérite d’avoir du soutien et mérite d’avoir de l’aide. Mais ce n’est pas le cas de Babacar. Babacar, il avait 27 ans. On l’a assassiné de 5 balles. Après les 5 balles, on l’a menotté au sol et ce n’est normal. Le policier qui a assassiné mon frère a demandé une mutation dans une autre commune et on l’a muté dans une autre commune. Les armes utilisées sur mon frère qui sont dans les scellés, ils ont dit qu’elles avaient été détruites par erreur. Moi je demande en tant que femme, en tant que mère, en tant que femme noire qui lutte pour la vérité pour mon frère je me disais : s’ils ont raison les armes n’ont pas a disparaître je vous demande aussi si ce policier a le droit ou non de demander une mutation ? MERCI pour votre patience
Je vous rappelle à tous parce que l’on a organisé une manifestation le 14 mars à Paris, on a organisé des covoiturages qui partaient d’ici, à Rennes jusqu’à Paris, tous ensemble le 14 MARS
PAS DE JUSTICE PAS DE PAIX

FEMMES KURDES ET DU MONDE ENTIER

Des années auparavant en Amérique, on veut continuer, en soutien ce que les femmes nous ont légué. On soutient leur combat et on continue en fait aujourd’hui pour dire : on ne vous a pas oublié, on continue dans le même chemin. Au jour d’aujourd’hui le monde entier a vu les femmes du Rojava, les combattantes kurdes contre Daesh et on est là aussi pour représenter les femmes kurdes. Aujourd’hui le combat des femmes kurdes, parce que les femmes du Rojava c’est le rêve de tout le monde d’être comme une femme du Rojava parce qu’elle est libre et elles combattent contre le terrorisme et l’injustice et nous aujourd’hui on est ici pour les représenter. Il n’a pas que de la violence masculine, c’est n’est pas que le père, le mari, le frère, c’est aussi une violence politique. Parce que le système, c’est encore l’homme, c’est un homme encore qui est derrière ce système-là. Aujourd’hui ce problème-là n’est pas que le problème des femmes kurdes ou françaises ou africaines, c’est le problème de toutes les femmes. Aujourd’hui on est là pour représenter toutes les femmes du monde, pour la liberté des femmes. On les représente toute. Et aujourd’hui on est là pour manifester pour justement démontrer que nous les femmes on va changer le monde, et nous changerons le monde les femmes. Notre slogan c’est en kurde : JIN JIYAN AZADI ce qui signifie : la femme, la vie, la liberté.

ANTIPATRIARCAT

FAITES DU BRUIT

ET LA RUE ELLE EST À QUI ?

SO, SO, SOLIDARITÉ

NOUS SOMMES FORTES, NOUS SOMMES FIÈRES

DIVA